Dans la vallée de la Boyne, au nord de Dublin, au sommet de la verte colline de Newgrange, littéralement « nouvelle grange », des hommes de l’Age de Pierre ont édifié un tumulus de 80 m de diamètre sur 10 m de haut.
Newgrange est la plus grande et la plus élaborée des trois sépultures du néolithique découvertes dans cette vallée.
Mais, ce n’est pas un tombeau comme les autres. Il s’agirait en fait d’une sorte de cathédrale préhistorique élevée à la gloire du Soleil, symbole de vie.
Newgrange date de 3 200 avant notre ère. Ce monument mégalithique ainsi que les autres de Brú na Bóinne ont une fonction funéraire mais également cérémonielle et sociale.
Caractéristiques
Newgrange est le site le plus important et le mieux conservé de ce qui est appelé en gaélique Brú na Bóinne, une zone d’à peine 8 km² le long de la vallée de la rivière Boyne.
Elle englobe 30 monuments mégalithiques datant du néolithique.
C’est la plus importante concentration de constructions préhistoriques d’Europe.
Newgrange est un tumulus de 80 m de diamètre environ qui renferme une vaste chambre funéraire en forme de croix.
Le monument est bordé d’un cercle de pierres constitué de 97 blocs, chacun mesurant plus de 3 m de long.
Presque tous sont richement décorés de gravures mégalithiques.
L’entrée débouche sur une galerie de 19,85 m de long, bordée de part et d’autre de 43 piliers de près de 2 m de haut, pesant chacun 10 à 12 tonnes.
La dalle qui se tient aujourd’hui à droite du couloir d’accès est la pierre qui scellait autrefois l’entrée, séparant ainsi le monde des vivants de celui des morts.
A l’extrémité de cette galerie, un enchevêtrement de pierres massives forme une chambre cruciforme, la chambre funéraire.
Cette chambre fait 6,5 m de diamètre, et comprend trois grandes absides (renforcements voûtés).
Dans chacune d’entre elles, se trouve un bloc de pierre massif creux de plus de un mètre de diamètre, qui contenait les os humains incinérés.
La majorité des monolithes de soutènement de la chambre funéraire et des absides sont magnifiquement décorés, surtout par des motifs en spirale et en zigzag, le plus admirable de tous étant la célèbre triple spirale.
On estime que 300 hommes ont été nécessaires pour la construction du monument et qu’il a fallu environ 20 ans pour l’achever.
A l’achèvement des travaux, la chambre et le couloir ont été scellés par un bloc de pierre et au cours des cérémonies religieuses ultérieures, personne ne fut admis à l’intérieur.
Les archéologues pensent que l’ouverture et l’étroit tunnel au-dessus de couloir servaient de « canal de communication » entre les vivants, à l’extérieur, et les morts, à l’intérieur.
Le temple du Soleil
Alors qu’ils travaillaient à la restauration de Newgrange, entreprise en 1960, deux archéologues irlandais découvrirent une ouverture verticale pratiquée entre les dalles du toit. Cette brèche comportait une structure décorée.
En 1969, pressentant que cette ouverture avait une fonction particulière, ils décidèrent de se poster à l’intérieur du tombeau le 21 décembre, jour du solstice d’hiver.
A 9 h 54, un premier rayon direct pénétra par l’ouverture du toit et longea la galerie pour atteindre la pierre en cuvette de la chambre du fond.
Le mince rai de lumière s’élargit et embrasa soudain la tombe.
A 10 h 15, le Soleil disparaissait.
Il s’avéra ensuite qu’une fois par an, le 21 décembre, Newgrange est illuminé par le Soleil levant. A 10 h 15, la demeure des morts retrouve le repos de l’obscurité totale pour 364 jours.
Ce n’est qu’après les fouilles de Michael J.O’Kelly qu’il apparut clairement que le solstice d’hiver, la renaissance de l’année, avait une grande importance dans les cérémonies religieuses et rituelles des agriculteurs de l’Age de Pierre.
Les mystères de Newgrange
Il a fallu attendre 1988 pour que toute la lumière soit faite sur Newgrange. Un astrophysicien, P.Ray, découvrit que la galerie centrale se trouvait au moment du solstice d’hiver, il y a 5 150 ans, en plein dans l’axe du levant.
A l’époque, le tombeau s’illuminait à l’instant précis de l’apparition du Soleil. Une telle précision ne pouvait évidemment pas être le fait du hasard.
La découverte de Ray fut d’une portée considérable pour les chercheurs qui étudient l’homme du néolithique, notamment en Irlande.
En effet, ces tumulus sont les seuls vestiges qu’ils puissent examiner car cette culture, qui remonte à 10 000 ans environ, s’éteignit sans laisser de traces écrites.
Les archéologues pensent que les hommes qui construisirent ces tombes appartenaient à une petite communauté de 3 000 personnes environ.
La grande complexité de l’ouvrage ainsi que sa remarquable exécution montrent combien on a sous-estimé les facultés créatrices des sociétés préhistoriques.
Cependant, ce talent servait essentiellement à construire des tombes.
Le caisson du toit de Newgrange était ouvert tous les ans, le 21 décembre avant le lever du Soleil, pour laisser les premiers rayons solaires pénétrer dans la chambre.
Quels étaient les individus de la société qui trouvaient leur repos éternel à Newgrange ? On a découvert deux tombes contenant les restes incinérés de trois corps au moins ainsi que des tablettes de marbre, quatre pendentifs, des perles d'os et une lame de silex.
De nombreuses petites tombes mégalithiques irlandaises contiennent les ossements de centaines de personnes incinérées, mais un petit nombre d’entre eux seulement ont été retrouvés à Newgrange.
Ceux-ci étaient peut-être des chefs faisant également offices de prêtres.
Cependant, il est également possible que les os appartiennent à des individus sacrifiés à l’inauguration du monument et que Newgrange n’ait jamais servi de chambre funéraire.
Le Soleil jouait un grand rôle dans les cérémonies mais on ne sait pas quelles autres observations astronomiques étaient pratiquées.
Par contre, dans tous les sites mégalithiques de la vallée ont été retrouvés des rochers gravés de cercles, triangles et zigzags, interprétés comme des représentations du Soleil, de la Lune et de l'homme.
Un millier d’années après son édification, Newgrange n’était plus qu’une simple butte sur laquelle des envahisseurs faisaient paître leurs troupeaux.