• C’est le premier empereur de Chine, Shi Huangdi, qui entreprit la construction de cette œuvre titanesque qu’est la Grande Muraille.

    Serpentant à l’origine sur plus de 6 500 kilomètres, cette muraille incarne l’un des symboles les plus forts de la Chine. Pour comprendre l’origine de ce projet, il faut avant tout comprendre la personnalité de celui qui en a été l’instigateur.
    En effet, devenue un monument touristique, la Grande Muraille nous cache encore peut-être bien des secrets.

     
     
     
     L’instigateur de la Grande Muraille

    En 246 avant notre ère, le nouveau prince de la province de Qin est alors âgé de 13 ans. Malgré son jeune âge, il est déjà obsédé par la peur de la mort. Il ordonne donc la construction de son tombeau, l’incroyable mausolée qui contient une armée entière de terre cuite chargée de veiller sur l’empereur pour l’éternité.



    Le tumulus de 115 m de haut dans lequel repose l’empereur n’a toujours pas été excavé. Pour se protéger des voleurs, l’empereur avait fait installer des pièges et des trappes équipées d’arbalètes.
    Les archéologues essayent toujours de trouver un moyen d’entrer dans le tombeau.

    A ce moment là, il ne règne que sur un seul état. Il existe six autres états qui sont régulièrement en guerre les uns avec les autres.

    En 221 avant notre ère, le roi se lance dans de grandes conquêtes militaires et bientôt il a conquis tous les autres états « les Royaumes combattants ». Un empire est né.



    Qin Shi Huangdi

    L’ancien roi Zheng de Qin prend un nouveau titre et fait preuve d’une ambition sans limite. Il se fait appeler Huangdi ; « Di » en chinois, signifie « empereur ou souverain » mais désigne également une puissante divinité astrale : un dieu étoile.



    Il y ajoute « Shi » qui signifie « premier ».

    L’Auguste souverain premier Qin Shi Huangdi prétendait réorganiser tout l’univers.

    Shi Huangdi a pour ainsi dire créé la Chine :

    Il a abolit la féodalité

    Il a créé un système bureaucratique

    Il a favorisé l’agriculture en faisant creuser des canaux d’irrigation

    Il a unifié les poids et les mesures

    Il a imposé une monnaie unique

    Il a unifié le système d’idéogrammes afin d’harmoniser l’écriture

    Parallèlement, il se montre impitoyable et cruel. Son ambition architecturale coûte chère et le peuple plie sous les impôts. Il est fortement critiqué par les savants et ne supporte pas les comparaisons avec ses prédécesseurs. En réponse à ces critiques, il fait brûler une grande quantité de livres de l’école confucéenne et fait enterrer vivants 460 lettrés.


    Au fil des années, il devient de plus en obsédé par l’immortalité. Il se fait conseiller par des mystiques qui pratiquent les sciences occultes. Parmi eux, il y a de nombreux charlatans qui lui prescrivent des élixirs.
    Il prend régulièrement de l’arsenic et du mercure qui doivent lui apporter cette immortalité tant désirée.

    Un jour, l’un de ses conseillers lui dit qu’il pourrait devenir immortel si personne ne le voyait. Il fait donc construire des corridors entre ses palais. Les 270 palais et pavillons sont reliés par des chaussées et des promenades couvertes.
    On punit de mort quiconque révèle où se trouve l’empereur.

    L’origine de la Grande Muraille se trouve dans ce penchant pour l’occultisme. Un prophète lui donne un jour un avertissement qui le trouble énormément et qui le poussera à faire construire cette œuvre démesurée.



     La construction de la Grande Muraille

    La première Grande Muraille n’est pas celle que l’on connaît aujourd’hui. Le matériau premier était la terre. On l’a mélangeait avec du riz glutineux ce qui produisait une sorte de ciment.
    On testait le mur en envoyant des flèches. Si les flèches rebondissaient c’est que la muraille était solide.



    En réalité, l’empereur s’est inspiré de murs déjà existants. Pour la partie centrale, il a rassemblé les morceaux érigés par les anciens rois de Zhao, de Yan et même de Qin. Ces murs avaient été construits pour lutter contre les nomades des steppes.
    Mais, il a prolongé la Muraille vers l’est jusqu’à la mer, et vers l’ouest jusqu’à l’actuel Gansu.
     

    Pour sa construction, on enrôlait de force des paysans, des bagnards, des conscrits. Sous le règne de Shi Huangdi, la construction dure pendant 10 ans.

    Une population extrêmement nombreuse est déplacée à l’occasion de cette construction, dont la réalisation est confiée au terrible général Meng Tian.

    Les Chinois disent que chaque pierre de la Grande Muraille a coûté une vie humaine.
    Certaines parties du mur peuvent aller jusqu’à 8 m de haut pour 7 m de large. La muraille est entrecoupée de nombreuses tours de guet.

     

    Nos connaissances sur l’aspect pratique de la construction restent en fait très limitées. On ne sait toujours pas comment les chinois s’y sont pris pour monter certaines grosses pierres le long des pentes extrêmement escarpées où la muraille a été construite.
     

    La sinistre prophétie qui est à l’origine de la construction se produira mais pas de la manière dont l’empereur l’avait craint.

    Devant sa cruauté, son fils aîné se rebella. Il le fit bannir. A la mort de l’empereur en 210 avant notre ère, à 48 ans, c’est le fils cadet Ershi Huangdi qui lui succède.

    Orgueilleux et impitoyable, il est rapidement détesté par le peuple. Quatre ans après, c’est la révolte et la dynastie Qin est détruite.
     

    Les dynasties suivantes fortifient la Grande Muraille. Ils y voient sans doute un intérêt militaire. Pourtant, cette muraille s’est toujours montrée très inefficace en cas d’attaque.


    En l’an 1279, la Grande Muraille n’arrête pas les Mongols. Ils établissent leur propre dynastie, celle des Yuan.
    Jusqu’en l’an 1368, la Grande Muraille tombe dans l’oubli. Puis la dynastie des Ming chasse les Mongols.
    Ce sont eux qui ont construit la plus grande partie de ce que l’on connaît aujourd’hui. Sous cette dynastie, il y avait jusqu’à un million de soldats sur la muraille.
     

    Pourtant, les stratèges de l’époque devaient savoir que cette muraille n’arrêterait pas l’ennemi. C’est l’un des mystères que l’on n’a toujours pas élucidé.

    Aussi imposante soit-elle, elle n’a jamais empêché les incursions des Xiongnu (nomades du nord et de l’ouest).
    En 1644, l’histoire se répète. Les Mandchous envahissent la Chine sans problème. La dynastie mandchoue des Qing règnera jusqu’en 1911.
     

    Pendant la révolution culturelle, la Grande Muraille a subi de nombreux dégâts. Symbole du despotisme impérial, elle était honnie par le gouvernement et donc le peuple.
    Elle n’est devenue un objet de fierté nationale qu’après la mort de Mao Tsé-toung. Elle a d’ailleurs été partiellement restaurée.



     Les légendes

    La légende chinoise raconte que même de l’espace, on peut voir la Grande Muraille. Beaucoup de gens le croient d’ailleurs. Il n’en est rien.

    Une autre légende, plus lugubre, prend sa source dans la réalité. Beaucoup de chinois croient que la muraille est hantée et l’appellent « le plus long cimetière de la Terre ».



    Il est vrai que des milliers de gens sont morts en s’épuisant à la tâche. On dit que leurs corps ont été ensevelis dans la muraille.
     
    Beaucoup de chinois croient que la muraille est hantée et l’appellent « le plus long cimetière de la Terre ». By Steve Cadman


    Pourquoi cette muraille a-t-elle été construite puis renforcée alors qu’elle avait montré ses limites comme moyen de défense ?

    Après tout, pourquoi construire un mur en haut d’une crête qui mesure déjà 300 m de haut ?
    Sa plus grande utilité a sans été de servir de moyen d’alerte en cas d’attaque. Les soldats pouvaient sans doute envoyer des signaux depuis les tours de guet.

     


    Les chinois pensent que les esprits du mal voyagent en ligne droite. Si vous érigez un mur pour les arrêter, ils ne peuvent pas le contourner faute de pouvoir tourner.
    Les nomades représentaient cet esprit maléfique qui venait du nord.

    Peut-être que l’empereur, très porté sur l’occultisme, a-t-il voulu éloigner les forces démoniaques annoncées par la prophétie ?

    Cette Grande Muraille, à ses yeux, devait sans doute être à la mesure d’un dieu.

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