En 1642, la Compagnie hollandaise des Indes orientales organisa une expédition sous la direction d'Abel Janszoon Tasman, afin de définir l'extension et la position de la Nouvelle-Guinée dont on pensait qu'elle était un prolongement de la Terre Australe évoquée par Ptolémée.
Partie de Java en août, l'expédition atteignit un territoire auquel on donna le nom d'Anton Van Diemen, le gouverneur de la Compagnie, puis longea la Nouvelle-Zélande avant de revenir à son point de départ en juin 1643.
De manière surprenante, Tasman ne mentionne pas l'Australie, découverte quelques années plus tard par d'autres navigateurs hollandais, et la région a été oubliée des Européens pendant plus d'un siècle, jusqu'en 1770, année où James Cook la redécouvrit.Mais au XIXe siècle, le premier Européen qui en avait approché les côtes fut récompensé, cette île difficile d'accès au sud de l'Australie prenant alors le nom de Tasmanie.
Peuplée de Mélanésiens, cette île, fut occupée par les Anglais au début du XIXe s. Le territoire devient une colonie pénitentiaire et une terre d’élevage de moutons. Devenue la Tasmanie en 1853, l’île forme, depuis 1901, un des États du Commonwealth australien.
Il y a 30 000 ans, toute la Grande Australie était colonisée par les descendants de pionniers venus d’Asie qui avaient osé braver la mer.La colonisation de la Tasmanie s’est effectuée à la fin du Pléistocène il y a environ 35 000 ans. Des vestiges découverts dans des grottes prouvent que des hommes de type moderne profitèrent d’un réchauffement au cours de la dernière glaciation pour traverser le détroit de Bass.
La mer était alors à son niveau le plus bas.
Les températures se rafraîchirent ensuite, et, il y a 18 000 ans, descendirent en Tasmanie jusqu’à 2 à 4°C.
Des glaciers se formèrent en amont des vallées occidentales habitées par les hommes.
Malgré ces conditions extrêmes, les chasseurs-cueilleurs réussirent à survivre. Ainsi, on a découvert rien que dans la grotte de Nunamira, plus de 200 000 fragments d’os.
90% de ces ossements proviennent de wallabies à cou rouge. Il y a également de grandes quantités de coquilles d’œufs d’émeus.
Ces hommes étaient capables de chasser de grands animaux. On a exhumé des pointes effilées fabriquées à partir d’os de pattes de wallabies.Certaines sont en forme d’aiguilles ce qui indiquent que ces populations confectionnaient des vêtements dès 26 000 ans avant notre ère.
De plus, tous les sites ont livré de petits outils ou micrograttoirs, anciens de 23 000 ans pour certains. La plupart ont été confectionnés en obsidienne, un verre volcanique provenant du cratère de Darwin qui s’est formé par l’impact d’une météorite il y a environ 700 000 ans.La découverte d’un art rupestre a montré que ces hommes possédaient une dimension intellectuelle et spirituelle.
Sans que l’on sache pourquoi, ces hommes qui exploitèrent les ressources du sud-ouest de la Tasmanie pendant plus de 25 000 ans, quittèrent leurs grottes, il y a environ 12 000 ans.
Peut-être est-ce dû au réchauffement du climat qui provoqua des modifications dans la flore et donc la faune, chassée par ces hommes.
Dans ce qui est devenu le parc national de Franklin-Gordon Wild Rivers, les aborigènes actuels de Tasmanie, descendants des générations qui survécurent aux mauvais traitements infligés par les colons européens, revendiquent aujourd'hui ce qui leur fut dérobé ainsi que la reconnaissance de leurs lieux sacrés, inscrits au patrimoine mondial.
La rivière Franklin ondoie sur des lits de galets creusés par les anciennes moraines glaciaires. Pendant plus de 20 000 ans, femmes et enfants aborigènes portant des filets de pèche remplis de moules, d'écrevisses, de fruits, de graines, de fleurs et de racines, ont marché dans cette eau gelée.
Prisonniers des glaces, les aborigènes se protégeaient du froid et de la pluie mêlée de neige en se réfugiant dans la grotte de Kutinika ou dans toute autre des 60 grottes disséminées le long de la rivière Franklin, où ils allumaient des feux de camp. Ce sont ces grottes qui abritent aujourd'hui les plus anciens vestiges du monde datant de l'ère glaciaire.
D’une manière générale, en Australie, les aborigènes ont été repoussés par les Blancs dans les régions les plus désertiques du pays. Ils ont été privés du droit de vivre sur leurs terres ancestrales et quasiment exterminés en Tasmanie.
Ce peuple de chasseurs-cueilleurs ne forme plus aujourd’hui que 1% de la population, concentré dans le nord de l’Australie.
Jusqu'au XIXe siècle, la population aborigène en Tasmanie était partagée en deux tribus principales dont l'économie de subsistance se basait sur l'agriculture limitée à la taille et au brûlis, une pratique qui, jusqu'à l'arrivée des touristes, constituait l'unique menace pour le précieux patrimoine forestier de l'île.
La Tasmanie de nos jours
Comme sur le continent australien, les grandes villes ont été bâties près du littoral. Mais à la différence de celui-ci, la Tasmanie est fort bien pourvue en eau.
L'île principale fait face aux quarantièmes rugissants, qui fournissent à la côte ouest et aux terres de l'intérieur et à leur cortège de nuages qui apportent plus de 3 000 mm de pluie par an. L’est, en revanche, est protégé des quarantièmes rugissants par la barrière que forment ses montagnes accidentées.
La moitié au moins de la Tasmanie est dominée par d'imposantes montagnes couvertes de bruyère et des cimes majestueuses surgissant par-delà les superbes lacs créés par les glaces éternelles.
Le mont Ossa, avec ses 1 617 m, est le sommet le plus élevé. Souvent recouverts par la neige en hiver, fougeraies, marécages et landes se mêlent aux forêts vierges tapissées de mousses.
À l'ouest de Hobart, capitale de l'État, le parc national de Mount Field abrite des glaciers aisément accessibles. Pourtant, les randonneurs, venus du monde entier, sont surtout attirés par la spectaculaire Overland Track, piste qui relie en plusieurs jours Cradle Mountain et le parc national de Saint Clair, dans le nord-ouest.
Au sud du lac de Saint Clair, les régions montagneuses sauvages et humides des grandioses parcs nationaux du Southwest et de Franklin Gordon Wild Rivers devinrent célèbres dans les années 1970, lorsque le projet de construction d'un second barrage sur la Gordon River fut annulé après une âpre bataille pour la défense de l'environnement.
A mi-chemin de la côte est de la Tasmanie s'étend une longue péninsule montagneuse de granit rose, en grande partie protégée par le parc national de Freycinet. Situé à 200 km, par la route, au nord-est de Hobart, le parc fut fondé en 1916, et doit son nom au cartographe Louis-Claude de Saulces de Freycinet, qui fit partie de la première expédition scientifique majeure en Australie (1800-1804).
Le littoral de Freycinet est ponctué de plages superbes se détachant sur le fond, le plus souvent d'un bleu pur, que forment les eaux. Des douzaines de petites baies et de criques recèlent des plages de sable blanc.
Bordée de dunes géantes, Hazards Beach déroule ses deux kilomètres de sable le long de
Great Oyster Bay.