Au cœur des monts de Judée se dresse Jérusalem, un haut lieu historique déchiré par les luttes religieuses.
En effet, Jérusalem est la capitale d’Israël mais également la cité de David où vécut le Christ et aussi la troisième ville sainte des musulmans.Depuis 1948, année de la proclamation de l’Etat d’Israël, Jérusalem est au cœur du conflit israélo-palestinien.Morcelé entre deux peuples, Jérusalem concentre les hauts lieux spirituels des trois principales religions du monde.Géographiquement, Jérusalem est construite sur une arête montagneuse à l'ouest de la mer Morte et en bordure du désert de Judée. La ville culmine à 760 m, surplombant les vallées du Cédron et de l'Hinnom.
La ville apparaît dans l’histoire vers 2000-1900 avant J.-C. Elle porte alors le nom de Urushalem (« fondée par le dieu Shalem »).C’est alors une cité d’importance moyenne qui compte environ 15 000 habitants au moment de la pérégrination d’Abraham.La fondation biblique de Jérusalem remonte à l’époque cananéenne.
Vers l’an 1000 avant J.-C, Joab, général de David, occupe la ville qui est appelée cité de David.
Le roi en fait le ciment de l’unité du peuple hébreu et y transfère l’Arche d’alliance. Jérusalem devient bientôt le centre religieux de tout Israël.Désigné par David, son père, Salomon, va régner 40 ans de 970 à 930 avant J.-C. A Jérusalem, sur le mont Moria, là où Abraham aurait accepté de sacrifier Isaac, Salomon fait édifier le Temple.Le Temple devient le centre national et liturgique du peuple hébreu et à partir de 622 avant J.-C., le lieu de culte exclusif.
Le pays des Hébreux est scindé en deux après la mort de Salomon, à la fin du Xe siècle av. J.-C. D’un côté le royaume d’Israël et de l’autre le royaume de Juda dont Jérusalem fait partie. Le royaume de Juda, après une ère d’expansion, devient vassal de l’Egypte avant de tomber en 586 avant J.-C, sous les coups de Nabuchodonosor II, qui détruit le Temple et emmène le peuple en captivité à Babylone.
En 538 avant J.-C., libéré par la conquête perse, le peuple Hébreux rentre d’exil et entreprend de reconstruire le Temple mais de manière beaucoup plus modeste.
L’invasion de la Syrie par Alexandre le Grand met fin à l’hégémonie perse et fait passer Jérusalem sous la domination des diadoques et de leurs successeurs.
Au IIe siècle avant J.-C., le Proche-Orient est sous domination romaine. La culture grecque envahit Jérusalem et les Juifs s’hellénisent rapidement. Par exemple, les jeux du cirque s’installent à Jérusalem, le Temple est consacré à Zeus et la circoncision est interdite.Mais, une famille de Jérusalem se lève pour défendre le particularisme juif. Dès décembre 164 avant J.-C., Les Maccabées libèrent Jérusalem et purifient le Temple.
Jérusalem redevint alors pour quatre-vingts ans la capitale d’un État juif florissant.En 37 avant J.-C., les légions romaines à la solde d’Hérode le Grand reprennent le royaume de Juda et bien sûr Jérusalem.C’est dans un pays en pleine effervescence que l’idée de l’avènement du Messie prend tout son rôle contestataire. Face à une administration romaine qui contrôle le pays, les sectes juives répondent par l’attente de l’arrivée du Messie-roi, fils de David.
Jésus-Christ, le messie tant attendu, sera crucifié à Jérusalem le vendredi 7 avril 30, sous l’ordre de Ponce Pilate et l’appui du Conseil des Juifs.La révolte qui couvait depuis le début du siècle éclate sous Néron. En 66, Menahem, troisième fils de Judas le Galiléen, chasse les Romains de la ville et met le feu aux archives du Temple afin de rendre impossible l’acquittement des impôts.
En 68, le nouveau chef zélote, Simon Bar-Giora, proclame la libération générale des esclaves juifs.
La réaction romaine se fait alors plus violente. Selon Flavius Josèphe, chroniqueur de l’époque, 25 000 soldats tinrent tête dans la ville pendant trois ans à une armée romaine quatre fois plus forte. Après la chute de la ville en 70, la résistance se poursuivit dans la ville haute, puis dans la forteresse de Massada.
Après un second soulèvement sous Trajan , qui fut maté, l’empereur Hadrien , décide de faire de Jérusalem une ville romaine. La création de cette colonie, sous le nom d’Aelia Capitolina, provoque un nouveau sursaut de la conscience nationale autour du prince et général juif Bar-Kokhba (ou Bar-Kochba, « fils de l’étoile »).
Les Romains doivent évacuer la ville, et pendant deux ans la souveraineté juive est restaurée. Mais la réaction impériale est impitoyable. Elle procède à un échange de populations et implante des colons païens venus de tout l’Empire.
Jérusalem : cité chrétienne et musulmane
Avec l’instauration de l’empire chrétien , Jérusalem, ville sainte du christianisme, devient un centre de pèlerinages.
Jusqu’en 632, Jérusalem est l’objet de nombreux conflits, des églises sont construites puis détruites.
On interdit ou on autorise tour à tour aux Juifs l’accès à la ville.
En 632 apparaissent sur la scène des conquérants aux forces neuves, les Arabes, récemment unifiés par le message de Mahomet, qui se réclamait à la fois d’Abraham et de Jésus.
En 638, le calife Umar Ier se présenta devant Jérusalem et le patriarche Sophronius opte pour une reddition sans combat.Umar Ier promulgue alors un édit de tolérance à l’égard des « gens du Livre ». Les chrétiens demeurent dans la ville, et des juifs peuvent commencer à venir s’y installer.
Sur l’esplanade du Temple, qui prend le nom de Haram al-Charif et ou, selon la croyance musulmane, doit se dérouler le jugement dernier, Umar ne fait dresser qu’une minuscule mosquée de bois, semblable à celles des premiers disciples du prophète.
Mais le calife Abd al-Malik (685-705), mû par de nouvelles conceptions, veut faire de Jérusalem un centre de pèlerinage islamique comparable à La Mecque et entreprend la construction de la Coupole du Rocher.
À côté de la Coupole, une mosquée est bâtie. La tradition musulmane identifia par la suite cet édifice avec la « mosquée la lointaine » (al-Aqsa), où Mahomet eut son « ascension nocturne ». Plusieurs fois endommagée par les tremblements de terre, la mosquée al-Aqsa a été remaniée à de nombreuses reprises.
La dynastie des Omeyyades respecte la politique de tolérance instaurée par Umar. Mais avec la prise de pouvoir des califes abbassides, juifs et chrétiens subissent un certain nombre de tracasseries.
A partir du IXe siècle, la situation entre Arabes, Chrétiens et Juifs s’aggrave. Les Chrétiens de Jérusalem cherchent appui à l’extérieur..Charlemagne signe un accord avec le calife Harun al-Rachid. . Mais l’alliance entre l’islam et l’Empire carolingien ne durera pas au-delà du Xe s.
En 996, le calife Hakim instaure une politique d’élimination des chrétiens et fait détruire le Saint-Sépulcre.
En 1077, les Turcs Seldjoukides entrent dans la ville, y semant la désolation. Les pèlerinages cessèrent. Les académies rabbiniques se replient sur Tyr. Les chrétiens s’enfuient. Cette situation désastreuse déclenchera la réaction des croisades.
Jérusalem et les croisades
Les croisés mettent vingt années pour arriver à la prise de Jérusalem (15 juillet 1099). Au lieu de se battre seulement contre les oppresseurs turcs pour en délivrer la ville, les croisés se livrent à un massacre tant des juifs que des musulmans.
La courte présence des Francs marque profondément le visage de Jérusalem. Le Saint-Sépulcre est rebâti, de nombreuses églises de style roman sont édifiées. Un chemin de croix est inauguré sur la Via dolorosa.
L’occupation mamelouke (1260-1517)Après une occupation mongole (1244-1260), les Mamelouks d’Égypte rétablissent l’ordre à Jérusalem. Un accord est signé avec les Francs d’Acre.Les chrétiens doivent accepter de partager les sanctuaires.Les Lieux saints sont placés sous la juridiction des trois confessions et cela perdure toujours aujourd’hui.
C’est à cette époque que Jérusalem devient, pour la première fois, une ville à prédominance musulmane et est dotée d’un rôle administratif véritable.
L’arrivée de nombreux immigrants juifs européens créé un lien qui ne sera jamais interrompu entre la communauté juive de Jérusalem et celles de l’Europe.
L’occupation ottomane (1517-1917)
Le 30 décembre 1516, Sélim Ier fit son entrée à Jérusalem. Son fils Soliman II, dit le Magnifique (1520-1566), pourvoit la ville d’aqueducs, de portes et de murs, tels qu’on peut les voir aujourd’hui.
Soliman signe en outre avec François Ier un accord qui accorde à la France, à côté de certains avantages politiques, la protection des chrétiens.Mais cette situation d’équilibre s’achève avec la mort de Soliman.
Jérusalem et la Russie
Les pèlerinages latins se raréfient et la communauté grecque orthodoxe, dont les sujets sont ottomans, acquiert une position plus forte dans les Lieux saints. En 1555, Charles Quint obtient de reconstruire la chapelle du Saint-Sépulcre.
Un conflit déclaré s’installe alors entre Grecs et Latins.
Au début du XVIIe s., la Russie tsariste donne aux orthodoxes de Géorgie les moyens d’acquérir des droits à Jérusalem.
Dans la seconde moitié du XIXe s., la situation de plus en plus précaire des communautés juives dans l’empire tsariste amène un réveil national et la formation de divers mouvements.
Jérusalem jusqu’en 1947Après la Première guerre mondiale, la Grande-Bretagne décide de favoriser la reconstitution d’un Foyer national juif en Palestine. La Société des Nations, en confiant en 1922 à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine, ratifie implicitement ce projet.
Sous le mandat britannique, entre 1922 et 1947, Jérusalem se modernise avec la construction de nouveaux quartiers.
L’implantation juive avec l’arrivée croissante d’immigrants provoque de nombreux conflits avec la population arabe.
Le haut-commissaire anglais Herbert Samuel freine d’ailleurs l’immigration juive.
La montée du nazisme (1933) et la multiplication des réfugiés juifs d’Europe centrale incite la Grande-Bretagne à effectuer un partage du pays.
Jérusalem se trouve alors sur la ligne frontière.
Après la Seconde guerre mondiale et les atrocités commises par les nazis, de nombreux rescapés juifs des camps hitlériens s’installent en Palestine.La Grande-Bretagne tente de limiter cette immigration et en parallèle, les revendications arabes deviennent de plus en plus vives.
La tension contre le gouvernement anglais monte rapidement aussi bien du côté arabe que juif.
Les Nations unies, appelées par les Anglais à intervenir, nomment une commission qui préconise le partage de la Palestine et l’internationalisation de Jérusalem.L’Assemblée des Nations unies vote le projet le 29 novembre 1947. La résolution est acceptée par les Juifs et rejetée par les États arabes, qui s’y opposent aussitôt par la force. La ville est alors le centre de durs combats.
Le 14 mai 1948, la Grande-Bretagne met fin à son mandat. L’État d’Israël est proclamé le jour même.
Jérusalem au cœur du conflit israélo-palestinien
Depuis la naissance de l’Etat d’Israël, les conflits n’ont jamais cessé. La Transjordanie avait annexé une partie de la Palestine ainsi que la vieille ville de Jérusalem en mai 1948.
Le partage de Jérusalem entre Israéliens et Palestiniens avait rendu inaccessible aux Juifs la vieille ville et ses Lieux saints.
Lors de la « guerre des six jours » (5-10 juin 1967), la vieille ville de Jérusalem tombe, presque intacte, aux mains des troupes israéliennes. La ville est aussitôt réunifiée et administrée comme partie intégrante de son territoire par Israël.
Le Parlement israélien adopte, le 30 juillet 1980, une loi fondamentale proclamant « Jérusalem réunifiée capitale éternelle d’Israël ».
Les Palestiniens revendiquent la ville sainte comme capitale historique.
Cette ligne baptisée « ligne verte » partage la ville en deux grandes zones :
Jérusalem-est, initialement sous contrôle palestinien
Jérusalem-Ouest aux mains des Israéliens
Une clôture de sécurité a été construite par les Israéliens en Cisjordanie. Son objectif est d’empêcher les attentats-suicides par les terroristes Palestiniens.
Cet édifice (security fence), également appelé mur de la honte ou mur de l’apartheid fait environ 700 km.
A Jérusalem, le mur est haut de 8 mètres. Il traverse plusieurs quartiers et notamment les quartiers arabes.
Les déplacements des travailleurs palestiniens sont sous haut contrôle entre les deux zones.
Jérusalem qui signifie en hébreu « la paix viendra » répondra peut-être un jour à la promesse de son nom.