L’Ancien Testament rapporte que dix plaies frappèrent l’Egypte alors que Pharaon refusait de libérer le peuple hébreu tenu en esclavage.La colère divine a toujours été la théorie officielle de cet épisode biblique qui est considéré comme un mythe par les scientifiques.
Pourtant, en 2002, deux géologues ont affirmé que ces dix plaies pourraient être bien réelles. Selon eux, l’éruption du Santorin a pu engendrer une série de catastrophes naturelles dont l’ouverture de la mer qui a permis à Moïse et à son peuple de fuir l’Egypte.
Les dix plaies d’Egypte
….toutes les eaux qui sont dans le fleuve se chargèrent en sang.
…les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Egypte.
…toute la poussière du sol se changea en moustiques.
…des taons en grand nombre entrèrent […] dans tout le pays d’Egypte.
…tous les troupeaux des égyptiens moururent.
…gens et bêtes furent couverts d’ulcères bourgeonnant en pustules.
…Yahvé fit tomber la grêle sur le pays d’Egypte.
…les sauterelles […] couvrirent toute la surface du pays…
…il y eut d’épaisses ténèbres…
…tous les premiers-nés mourront dans le pays d’Egypte…
L’éruption du Santorin
Vers 1 500 avant notre ère, la Méditerranée connaît la plus grande catastrophe de son histoire. Le volcan de Théra, l’actuel Santorin, dans l’archipel des Cyclades, entre en éruption, provoquant une véritable catastrophe dans toute la côte méditerranéenne.On a relié cette éruption volcanique à la disparition de la civilisation crétoise.
Dans la mer Egée, l’éruption cause de graves dommages. De nombreuses régions ont été plongées dans l’obscurité pendant des heures, voire des jours.Enfin, les nuages volcaniques ont entraîné des changements climatiques.
Les effets secondaires possibles de cette gigantesque éruption ressemblent beaucoup aux dix plaies relatées dans la Bible.
Il y a quelques années, Gilles Lericolais, géologue français en poste à l’Ifremer et William Ryan, géologue américain de New York, étudiaient le faciès stratigraphique du bassin de la mer Noire. Ils ont ainsi mis en évidence le remplissage rapide de ce bassin il y a 7 500 ans.La Méditerranée y aurait déversé son trop-plein.Il se pourrait que cette catastrophe ait inspiré le mythe du Déluge.
C’est ainsi qu’ils en vinrent à la conclusion que l’éruption du volcan avait pu engendrer les 10 plaies.
Les conséquences d’une éruption volcanique
L’éruption s’est produite à environ 700 km au nord-ouest des rivages méditerranéens de l’Egypte.Le Santorin éructa une trentaine de kilomètres carrés de cendres et de lave. Des explosions aussi importantes ne se produisent que deux ou trois fois par siècle maximum.La plus importante éruption du 20e siècle était beaucoup moins catastrophique. Elle se produisit en 1991 avec l’éruption du Pinatubo, aux Philippines.
Néanmoins, le Pinatubo envoya dans l’atmosphère des tonnes de cendres qui accomplirent plusieurs rotations autour de la Terre.Cette éruption eut un impact sur le climat à l’échelon mondial.
Selon les calculs des scientifiques, cendres et particules s’expulsèrent du Santorin à la vitesse du son. Elles formèrent une colonne qui se dressa sur 36 km avant de s’étaler en direction du sud-est, guidée par les vents dominants vers la Crète et l’Egypte.L’effondrement progressif du cratère permit à l’eau de mer de s’engouffrer, provoquant plusieurs explosions violentes qui sculptèrent une caldeira béante de 8 km de diamètre.
L’explosion engendra un immense tsunami qui se répandit en cercles concentriques dans une large partie du bassin méditerranéen.Nul ne sait si ces vagues géantes atteignirent l’Egypte.
Par contre, les relevés stratigraphiques du sédimentologue Daniel Stanley ont prouvé que les cendres du Santorin avaient bien atteint le delta du Nil.On a en effet retrouvé des téphras, particules volatiles de nature volcanique, d’âge et de composition chimique identique à celles du Santorin.
La première plaie d’Egypte
« ….toutes les eaux qui sont dans le fleuve se chargèrent en sang »
Les téphras seraient responsables de la première plaie. D’après Gilles Lericolais, on retrouve autour du Santorin bon nombre d’ignimbrites, des roches formées par l’accumulation de débris de laves acides telles que les rhyolites, qui donnent à certaines plages de l’île une teinte carmin.
L’autre hypothèse serait que la teneur élevée des particules volcaniques en acide sulfurique aurait pu oxyder les roches ferreuses du lit du fleuve et donner à l’eau des reflets de rouille.
La deuxième plaie
« …les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Egypte »
« Deux raisons peuvent pousser les amphibiens à se regrouper par milliers. La reproduction et l’augmentation soudaine du taux d’humidité de l’air.
Dans les pays semi-désertiques, après une longue saison sèche, les amphibiens sortent pour aller se reproduire dans les points d’eau.
Ils sortent des trous du sol dans lesquels ils s’étaient enfouis pour avoir un peu d’humidité. Invisibles quelques jours auparavant, ils envahissent villages et habitations pour rejoindre leur lieu de reproduction.
A cette époque lointaine, les amphibiens étaient beaucoup plus nombreux le long du Nil. Le phénomène aurait pu avoir une ampleur exceptionnelle aux yeux de la population.
La troisième et la quatrième plaie
« …toute la poussière du sol se changea en moustiques »
« …des taons en grand nombre entrèrent […] dans tout le pays d’Egypte »
Le troisième et quatrième fléau rentrent dans le même cadre que celui des amphibiens. Mouches et moustiques profitent également de la pluviosité pour pulluler dans les pays chauds.
Si l’éruption du Santorin a engendré des pluies exceptionnelles, certaines espèces animales en ont certainement tiré profit pour se reproduire.
On sait également qu’un changement climatique brutal peut « déranger » certaines espèces qui se regroupent pour fuir.
La cinquième et la dixième plaie
« …tous les troupeaux des égyptiens moururent »
« …tous les premiers-nés mourront dans le pays d’Egypte… »
L’augmentation soudaine d’insectes parasites comme les moustiques et les mouches est certainement lié au taux de mortalité important du bétail et des nouveau-nés.
Deux épidémiologistes américains, John Marr et Curtis Malloy, privilégient deux espèces très communes :
Stomoxys calcitrans pour les mouches.Culex antennatus pour les moustiques.
La première peut inoculer au bétail diverses maladies comme le charbon. La seconde, hématophage également, se délecte de la compagnie des hommes et véhicule de nombreuses maladies virales.
La mort du bétail qui frappe à la fois chevaux, ânes, chameaux, bœufs, chèvres et moutons peut être attribuée à de nombreux parasites.
Un des coupables pourrait bien être un moucheron, Culicoïdes canithorax. Cet insecte peut transmettre deux virus vecteurs de la maladie africaine du cheval et de la maladie de la langue bleue.Ces maladies touchent tous les animaux domestiques sauf le chameau.
D’une manière générale, la famille des cératopogonides compte de nombreuses espèces susceptibles de véhiculer d’autres maladies virales.
Les nouveau-nés sont particulièrement fragiles. Il n’est donc pas étonnant que ce furent les principales victimes, à une époque, où la mortalité infantile était déjà très importante. Il n’est nullement prouvé que seuls les enfants de sexe masculin ont été touchés par ces épidémies.
La sixième plaie
« …gens et bêtes furent couverts d’ulcères bourgeonnant en pustules »
Les ulcères qui se développèrent sur certaines personnes et animaux ont pu être provoqués par n’importe quelle myase.
Ce terme désigne toutes les maladies externes et tous les désordres des tissus causés par des larves d'insectes.
Elles s’accompagnent de lésions ayant l’aspect de furoncles.
Il existe également des maladies parasitaires transmises par certains insectes comme la leishmaniose cutanée qui provoque de graves lésions de la peau.
La septième plaie
« …Yahvé fit tomber la grêle sur le pays d’Egypte »
Lors de l’éruption du mont Saint-Helens, en 1980, il y eut un orage de grêle.
En cas d’éruption, il peut arriver que les grêlons ne soient pas constitués de glace mais de lapilli (cendres acrétionnées).
La huitième plaie
« …les sauterelles […] couvrirent toute la surface du pays… »
On connaît bien aujourd’hui les invasions du criquet pèlerin. La plus importante des aires de regroupement de cette espèce se situe autour de la mer Rouge.
Une perturbation météorologique importante peut déclencher une invasion de criquets qui pourra durer 20 ans.
La neuvième plaie
« …il y eut d’épaisses ténèbres… »
Les particules volcaniques qui atteignirent la stratosphère ont formé le plus important nuage de poussières émis par un volcan dans l’est de la Méditerranée durant tout le IIe millénaire avant notre ère.
Ce nuage plongea cette région dans l’obscurité pendant plusieurs jours.
Catastrophe naturelle et épidémies
Une éruption volcanique ne provoque pas d’épidémies. Par contre, elle provoque des changements au sein d’une société.
L’hygiène se dégrade, faute d’eau propre par exemple, et des maladies comme le choléra apparaissent très vite.
Actuellement, en Egypte, de nombreuses maladies peuvent se développer à cause de la pluie et du vent et surtout d’une très mauvaise hygiène.
Citons le paludisme, la schistosomiase, la leishmaniose, la fièvre de la vallée du Rift, l’encéphalite du Nil occidental, le typhus …
Les retombées d’un volcan apportent des pluies chargées d’acide qui rendent l’eau potable toxique.
La mer s’ouvre devant le peuple hébreu
Au chapitre 14 du livre de l’Exode, les hébreux se dirigent vers une étendue d’eau située dans le prolongement de la mer Rouge. Les Egyptiens de l’Antiquité appelaient cette étendue la Grande Noire.
Elle se situe à l’emplacement actuel des lacs Menzaleh, Timsah et Amers.
Les flots de la mer des Roseaux (et non ceux de la mer Rouge) s’ouvrent devant Moïse et son peuple et se referment sur Pharaon et son armée.
A l’aide d’un modèle reproduisant le bassin de la mer Rouge et la Grande Noire qui englobe la mer des Roseaux, Doron Nof (Floride) et Nathan Paldor (Israël) ont montré que des vents modérés pourraient avoir rendu franchissable cette étendue d’eau de faible profondeur.
En soufflant plusieurs heures durant dans le golfe de Suez, ils auraient pu repousser les eaux en un mur de 2,5 m de haut ; mur qui se serait effondré au moindre changement de direction du vent.
Il existe de nombreux miracles bibliques que la science a tenté d’expliquer, parfois avec succès.
Les 10 plaies d'Egypte pourraient être donc dues, selon les scientifiques, à un enchaînement de faits assez exceptionnels dont l’origine serait l’éruption du Santorin.Quelles que soient nos croyances, il est intéressant de constater que la science ne nie pas le bien-fondé des évènements mais qu’au contraire, elle confirme qu’ils ont très bien pu exister.
Le mythe du Déluge fait partie de ces mythes bibliques, aujourd’hui reconnu par de nombreux scientifiques.
L’éruption du Santorin serait l’évènement géologique le plus ancien dont l’humanité et les trois religions du Livre auraient gardé le souvenir.