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    Ancienne ville de Mésopotamie (Irak), sur l'Euphrate à 93 kilomètres au Sud de la ville actuelle de Bagdad et dans le voisinage d'Hillah, capitale de ce que les historiens modernes ont appelé la Babylonie. A l'époque de sa splendeur, elle avait, nous disent les anciens auteurs, plus de 40 kilomètres de circonférence; on y admirait de superbes quais, 100 portes de bronze, des murailles très hautes, d'une largeur extraordinaire, et flanquées de 250 tours; on vantait ses jardins suspendus, que l'on comptait parmi les merveilles du monde, un temple de Marduk , l'Esagil, la grande ziggurat, l'Etemenanki; beaucoup de palais, etc. Il ne reste de cette ville immense que des ruines, parmi lesquelles on remarque le Kasr ou palais et le Birs Nemrod ou tour de Nemrod.

    D'occupation très ancienne (présences d'outils en pierre taillée), le site de Babylone n'était encore occupé que par une modeste bourgade, à l'époque où Sargon fondait Akkad, au XXIVe siècle avant notre ère. Et, au XXIe siècle, au temps de la troisième dynastie d'Ur, la cité n'était tout au plus qu'une capitale provinciale. Tout a changé à partir de l'établissement de la première dynastie amorrite (amorhéenne). Hammourabi (XVIIIe siècle) lui donne toute son importance.


    La puissance politique de Babylone qui s'étend alors sur toute la partie méridionale de la Mésopotamie (Babylonie), ne durera sans doute pas. Mais la prospérité acquise pendant cette période se maintient, ainsi que le rôle de capitale religieuse que devait endosser durablement la ville, grâce à la promotion qu'elle sut imposer au sommet du panthéon mésopotamien de son dieu local, Marduk.

    Babylone a eu a subir plusieurs sièges, et a été plusieurs fois dévastée, notamment par les Hittites (1595), par Sennacherib (689). Elle se releva chaque fois, et s'agrandit même à l'époque d'Assurbanipal et de ses prédécesseurs immédiats (668-648). La chute de l'empire assyrien lui offre une nouvelle opportunité à partir de 625. Babylone devient ainsi la capitale pendant presque un siècle, de ce que l'on a appelé l'empire Néo-Babylonien.

    Quand, elle se donna à Cyrus, en 539, cette ville, où les Juifs avaient été 70 ans captifs , était encore, au temps d'Hérodote, la première ville du monde. Babylone déclina ensuite jusqu'au temps d'Alexandre (331). Ce conquérant l'avait choisie pour en faire la capitale de son empire en Asie, et il voulait la rendre plus magnifique qu'elle n'avait jamais été; mais sa prompte mort et la fondation de Séleucie en précipitèrent la décadence. Babylone existait encore, mais petite et presque vide, lors de la conquête du 2e empire perse par les Arabes. 



    Les ruines de Babylone ont été explorées et décrites en 1851 et au cours des années suivantes par Fresnel, Thomas et Oppert, qui les ont examinées de manière à mettre de l'ordre dans les données jusqu'alors très confuses.

    De 1899 à 1917, une nouvelle campagne de fouilles, menée, cette fois de façon très approfondie, a été conduite par R. Koldewey. Par la suite plusieurs opérations de restauration de Babylone ont été engagées à l'initiative des autorités irakiennes, d'abord à la fin des années 1930, plus régulièrement après 1958, et surtout après 1978. Il y a encore eu une dernière campagne de fouilles en 1986, mais celle-ci s'est heurtée à la volonté du régime irakien de reconstruire sur les anciennes ruines une nouvelle Babylone à la gloire du président Saddam Hussein. Un nouveau palais a même été construit après la Première Guerre du Golfe (1991). Après l'invasion américaine de l'Irak (2003), le site a encore subi de nouveaux outrages : construction d'un héliport, dommages importants causés à la Porte d'Ishtar, vandalisme, etc.



    Des mythes et des noms

    Babylone est l'une des cités les plus antiques, les plus illustres et les plus vastes qui aient existé, était située, sur les bords de l'Euphrate, en Mésopotamie. Elle a donné le nom à la région antique qui s'appelait la Babylonie : chez les PersesBabirus, et chez les GrecsBabylwnia; la contrée se nommait, chez les Assyriens, Akkad, le pays des Akkadiens, et le nom de Babel (en hébreu), en assyrien Babilu, Bab-ili, restait restreint à la ville même. D'une manière générale, le pays, le midi de la Mésopotamie, s'appelait la Chaldée, en hébreu eres Kasdim , le pays de Kaldi des textes cunéiformes; toute la région était également appelée Sennaar, nom dans lequel quelques savants, peut-être non sans raison , ont reconnu le nom de Sumer.



    Les documents cunéiformes nomment le pays entier le pays des Sumériens et des Akkadiens; il est probable que le premier de ces noms désignait la partie sud, le second la partie nord de la Chaldée; mais, plus tard, cette désignation fut employée comme une appellation cumulative, exprimant la cohabitation dans la même contrée de deux populations, dont la plus ancienne, celle des Sumériens, parlait une langue que l'on a du mal à classer, tandis que l'autre, celle des Akkadiens, était formée par des populations de langue sémitique, de la même souche qui peupla l'Assyrie et la Mésopotamie septentrionale. Mais dans les temps plus récents, les Assyriens entendaient, par Akkad, le pays où était située la ville de Babylone : et quoique ce nom, en sumérien Aga-de = la ville de feu éternel, fût originairement celui d'une ville près de Sippara, nommée Akkad dans la Genèse, ils transportèrent à la région entière le nom de la ville antique. Malgré l'étymologie sumérienne du mot, il n'existe aucune preuve contre le fait, plus que probable, que le terme de peuple et langue des Akkadiens signifiait, malgré sa forme sumérienne, quelques milliers d'années plus tard, la nationalité et l'idiome sémitiques.

    Le nom antique de la ville, Babilu, s'expliquait à Babylone même de deux manières. L'une lui donne le nom de « la porte des dieux », Ka-dingirra, en sumérien, écrit par les idéogrammes de porte, dieux ou dieu et ville. Or, porte se disant dans la langue sémitique des Assyriens bab, et dieu ou dieux : ilu ou ili, cette étymologie était sûrement très accréditée chez les Assyriens. Les auteurs arabes l'ont acceptée puisqu'ils interprètent le nom de Babil par Bab-Bil, « porte de Bil  », qui, selon eux, aurait désigné la planète de Jupiter.


    Cependant, à côté de cette étymologie, il en existait une autre, plus célèbre encore, qui s'est perpétuée même dans notre langage ordinaire. La Genèse (XI, 9) dit que la ville fut nommée Babel, de balal = confondre, pour immortaliser le souvenir de la confusion des langues, prétendument arrivée à Babylone après le Déluge. Nous n'insistons pas ici sur ce mythe qui trouve sa raison d'être dans l'étymologie assyrienne du mot babilu. Elle s'est perpétuée dans une même façon très usitée d'écrire le nom de Babylone, é-ki, « ville de la parole », et su-an-na-kï, « ville de l'intervention céleste » ou de la rémunération céleste (lit. aussi de la main céleste).
      


    La tradition a été recueillie par la Bible; mais son origine babylonienne est attestée par l'historien chaldéen Bérose : d'autres historiens grecs, tels qu'Abydène, Alexandre Polyhistor, Eupolème, la mentionnent; plus tard, Eusèbe, l'évêque de Césarée, a reproduit tous ces témoignages dans sa Préparation évangélique, pour prouver par les témoignages des auteurs païens l'authenticité des récits de la Genèse. Il est indéniable que les mêmes traditions existaient chez les Babyloniens et les Hébreux, et que l'origine de ces croyances est à chercher dans le bassin de l'Euphrate et du Tigre. Il est intéressant de noter aussi qu'une autre désignation de la ville de Babylone se trouve dans le groupe Tin-tir-ki, probablement ville des survivants, parce que c'est ici que Xisuthrus, le modèle mésopotamien du Noé de la Bible, aurait débarqué de l'Arche et rassemblé ses compagnons.

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