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Par CND STUDIO le 22 Août 2015 à 21:50
En l’année 1900, le grec Elias Stadiatos, alors parti pour pêcher des éponges près de l’île d’Anticythère, découvrit les restes d’un bateau de transport romain, enfoui à une profondeur de 42m. Après avoir fait remonter à la surface diverses statues et objets anciens, les archéologues ont trouvé de curieuses pierres, qui se sont révélées être en fait des morceaux de rouages en bronze qui avaient résisté à la corrosion, et datant de la Grèce antique, au IIe siècle avant Jésus Christ. Depuis, plusieurs générations de scientifiques se sont penchés sur le rôle de ces rouages, de la structure de la machine qu’ils constituaient... Le mécanisme, auquel on a octroyé le nom du site où il a été découvert, est longtemps resté un mystère.
Très tôt, les esprits se mettent d’accord sur un point : la machine d’Anticythère est un calculateur ; mais personne n’arrive à se mettre d’accord sur ce qu’elle est censée calculer. Ce qui est plus dérangeant, c’est que l’histoire de l’Europe n’a vu apparaître son premier "calculateur" qu’avec une invention de Blaise Pascal en 1641 (la "Pascaline"), capable d’effectuer des additions. Les grecs, pourtant peu réputés pour leur technologie, auraient eu dix-sept siècles d’avance sur les autres civilisations ! Constituée de plus de soixante-dix pièces dont une trentaine de rouages, le mécanisme est resté pendant longtemps un véritable casse-tête pour les différents mathématiciens, informaticiens, astronomes, et historiens qui ont travaillé dessus au cours du XXe siècle.
Après plusieurs décennies d’errances et de découvertes, des chercheurs de l’Université de Cardiff (GB) ont semble-t-il enfin percé les mystères de ces rouages. Grâce à des techniques avancées comme la tomographie de surface par rayons X, et au déchiffrage de nombreuses inscriptions sur certaines parties de la machine, ils ont pu virtuellement en assembler les pièces et en reconstituer le fonctionnement. D’après le schéma qu’ils ont établi, cet ouvrage d’une grande finesse pour la Grèce antique, était doté sur sa face avant de deux cercles concentriques, le plus petit avec 360 divisions représentant le zodiaque grec, et le plus grand divisé en 365 jours, suivant le calendrier égyptien en vigueur. Sur la face arrière, deux cadrans en forme de spirale étaient conçus pour reproduire les cycles du Soleil et de la Lune, y compris dans le détail de leurs irrégularités et des éclipses que la conjugaison des deux astres pouvaient produire. Le mécanisme, qui s’actionnait vraisemblablement à l’aide d’une manivelle, était peut-être aussi capable de prédire les positions de Mercure et Vénus, deux des cinq planètes connues à l’époque.
L’explication du fonctionnement de ce mécanisme n’enlève rien à l’incroyable ingéniosité de son concepteur de l’époque. Elle ne répond pas non plus aux nombreuses questions qui planent encore autour : comment les grecs sont-ils parvenus à réaliser une telle machine ? Comment se fait-il que ce savoir ne se soit pas transmis aux autres civilisations méditerranéennes, et qu’il faille attendre plusieurs siècles avant d’en trouver un équivalent ? Ce mécanisme n’a semble-t-il pas fini de faire parler de lui, et remet en cause ce que l’on croyait du savoir technologique de la Grèce antique.
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