• Les sondes Vikings sont-elles passées à côté de la découverte de la Vie sur Mars ? Cette hypothèse, fortement médiatisée ces jours derniers, est devenue de plus en plus probable au cours des derniers mois, avec la mise en évidence du manque de précision des instruments de mesure des sondes(voir brève). Un nouveau rebondissement dans l’affaire a éclaté lorsque deux géologues, Joop M. Houtkooper et Dirk Schulze-Makuch, ont présenté lors du 209ème Congrès de l’AAS  une hypothèse suggérant que non seulement les deux sondes étaient incapables de détecter la Vie, mais qu’en plus elles n’auraient réussi qu’à détruire les échantillons biologiques prélevés sur Mars.  

     


    Lorsque l’on examine les conditions favorables à la Vie à la surface de Mars, il apparaît très vite que l’absence d’eau liquide présente un obstacle important. La découverte récente de coulées d’eau occasionnelles reste trop limitée pour favoriser dans la durée une vie martienne. Il est donc nécessaire d’examiner d’autres stratégies de survie. Se basant sur la présence de peroxyde d’hydrogène H2O2 sur la planète rouge, ces deux scientifiques suggèrent que cette molécule ait une origine et un rôle biologique. En effet, la présence d’ H2O2 permet de capturer la vapeur d’eau, et le point eutectique du mélange H2O2/eau se situe à -56,5°c pour 61,2 % de masse H2O2. Il serait donc probable que d’éventuels micro-organismes martiens utilisent ce mélange à l’état liquide comme solvant biologique. L’ajout d’eau lors des essais menés par les sondes Vikings aurait alors eu des effets catastrophiques sur de tels micro-organismes, morts par hyper-hydratation, et détruisant leurs molécules organiques en donnant des produits de combustion comparables à ceux enregistrés par les analyseurs chimiques des sondes Vikings.

    Des micro-organismes peuvent-ils vivre dans un milieu riche en peroxyde d’hydrogène ? L’eau oxygénée est utilisée comme désinfectant microbien. Elle est donc toxique pour la plupart des micro-organismes en induisant un stress oxydatif. Chez certaines bactéries comme Acetobacter, responsable de la fermentation acétique du vinaigre, la peroxydase assure la réduction de H2O2 en H2O (co-facteur : NADH,H+), permettant de détoxifier la cellule. Dans l’hypothèse d’une vie martienne, les auteurs suggèrent que le peroxyde d’hydrogène puisse être produit à partir d’eau et de dioxyde de carbone grâce à l’énergie lumineuse, formant également du carbone réduit (CH2O) qui à son tour pourrait être oxydé par H2O2 afin de former de l’acide formique. La dégradation de H2O2 en eau et en dioxygène pourrait même être une source d’énergie cellulaire.

     


    Mais le peroxyde d’hydrogène est très vite dégradé sous l’effet des rayons UV, une donnée défavorable car la surface de Mars reçoit un flux considérable de rayons de longueur d’onde inférieure à 200 nm. Les organismes vivants basés sur une biochimie eau/H2O2 devraient donc posséder des mécanismes de protection afin que leur château de cartes métabolique ne s’écroule pas.

      

    Cette hypothèse, à première vue très séduisante, reste donc soumise à conditions. Lors de leur présentation, les deux géologues on laissés sceptiques de nombreux astrobiologistes. Car si ces études montrent que les expérimentations menées par les sondes Vikings étaient inadaptées pour détecter des traces d’activités biologiques, elles ne prouvent pas pour autant que la Vie sur Mars existe, et encore moins qu’il puisse s’agir de formes basées sur le peroxyde d’hydrogène. Enfin, les radiations bombardant la surface de la planète représentent également un obstacle au développement de formes de vies sur Mars, suggérant que le sous-sol de la planète puisse constituer une niche écologique plus appropriée. La future mission américaine Phœnix d’exploration de Mars, dont le lancement est prévu en août 2007, offrira certainement une belle occasion de vérifier ces hypothèses.


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