• La généralisation de la poudre a incontestablement modifié l’art de la guerre. Les premières références à un composé explosif à base de salpêtre apparaissent en Chine au IXe siècle. Cependant, la formule de la poudre n’y est donnée qu’au XIe siècle.

    La généralisation de l’emploi de la poudre dans l’art militaire s’est généralisée aux XIe et XIIe siècles.
    En Occident, la poudre fait son apparition au XIVe siècle.

    Jusqu’à cette invention, la guerre était une affaire de métallurgistes, de forgerons et d’ingénieurs. Le nerf de la guerre passait par la fabrication d’armes tranchantes et de machines de guerre.
    Avec la poudre, les chimistes, jusque là cantonnés dans la fabrication de poisons, prennent une grande importance. 


     La découverte de la poudre

    La poudre noire se compose d’un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon, finement broyé, qui s’enflamme aisément par friction ou choc et déflagre vivement.


    On ne sait pas avec certitude si ce sont les Chinois qui ont inventé la poudre. Par contre, on sait que les propriétés explosives d’un mélange à base de salpêtre sont mentionnées dès le VIe siècle, dans un traité.
    Le texte relate une déflagration provoquée par ce mélange lors d’une expérience menée par l’alchimiste Sun Ssu-Mo (Sun Simiao).
    La période des Song est parfois qualifiée de « Renaissance chinoise » car cette période connaît de nombreuses inventions et progrès techniques dont la célèbre horloge astronomique inventée par Su Song.

    Il est très probable que les alchimistes ont découvert la poudre par accident. En effet, le salpêtre, composé fondamental de la poudre, est connu des alchimistes et des apothicaires chinois depuis longtemps.
    Le composé explosif a été perfectionné pendant plusieurs centaines d’années.


    La première mention des dangers d’une composition de charbon de bois, de salpêtre et de sulfure se trouve dans un livre taoïste de l’époque Tang (IXe siècle).
    Apparemment de nombreux accidents ont dû se produire pendant ces expériences car cette mention est une mise en garde : » ne pas mélanger ces substances, surtout avec une addition d’arsenic, parce que ceux qui le firent virent le mélange exploser, leurs barbes noircir et le feu détruire la maison où ils travaillaient ».

    La première mention de la formule de composition de la poudre est contenue dans un traité militaire de 1044, le Wu Ching Tsung Yao, qui donne la formule suivante : salpêtre (75,7%), charbon de bois (14,4%), sulfure (9,9%).

    Outre les applications militaires, en Chine, la poudre a été utilisée pour la fabrication de « pétards » qui sont jetés dans le feu pour chasser les démons. Jusqu’alors on se servait de tiges de bambou.
    Les applications rituelles passent également par les « feux d’artifice ». On ajoute alors à la poudre des oxydes colorés dont les propriétés sont censées être exorcisantes.

    A partir du XIe siècle, les Chinois se servent de la poudre comme explosif avec la fabrication de bombes et de grenades.

    A partir du XIIe siècle, ils l’utilisent dans les premiers fusils à canon de bambou.

     

     La poudre en Occident

    Il est fort probable que ce sont les Musulmans qui ont transmis aux occidentaux la formule de la poudre.
    On retrouve une mention de cette invention vers 1240 en terre d’Islam, dans un ouvrage de formules médicinales.
    On y donne le nom de « neige chinoise » au salpêtre ce qui est très révélateur de l’origine des connaissances.

    Son usage militaire est décrit vers 1280 par al-Hasan al-Rammah, dans un livre traitant de la cavalerie et des stratagèmes militaires.


    La première mention en latin date à peu près de la même époque. Marcus Graecus donne la formule de la poudre dans son Liber ignium ad comburendos hostes.

    Vers 1314-1326, la poudre fait son apparition dans les Flandres, puis à Metz, à Florence et en Angleterre.
    Il est probable que la poudre a été employée en 1346 durant la bataille de Crécy.

    A partir de 1527, la poudre est utilisée à des fins industrielles dans les mines de Chemnitz.

    Entre 1540 et 1556, la formule de la poudre est donnée dans deux ouvrages : la Pirotechnia de Vanoccio Biringuccio. C’est le plus ancien traité de métallurgie en Occident.
    Elle apparaît également dans le De re metallica de Georg Bauer, dit Agricola.

    En 1775, Lavoisier améliore la formule de la poudre. Cette amélioration fait de la poudre française la plus puissante de son temps.

    En 1802, aux Etats-Unis, E.I Du Pont de Nemours, met en place une production commerciale de la poudre.

    On peut dire que l’invention de la poudre a marqué le début de la guerre chimique. Bien sûr ce terme, dans le contexte ancien,  ne correspond pas au sens que nous lui donnons habituellement.
    Cependant, d’améliorations en améliorations  par les chimistes, ces derniers ont fini par inventer les tristement célèbres gaz de combat.


    La pyrotechnie est aujourd’hui devenue une véritable science.


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