• Les sondes terriennes ont-elles contaminé Mars ?

    Cet exploît ne peut être relevé par des bactéries dans un état physiologique normal : dans la nature, lorsque les conditions deviennent inhospitalières, les bactéries sont capables de se protéger en formant des spores bactériennes. Là, à l’état de "dormance" (métabolisme bloqué, membranes et protéines protectrices) elles peuvent résister plusieurs siècles, dans l’attente de conditions meilleures : ainsi Bacillus pourrait tenir, selon les microbiologistes, plusieurs millions d’année et redonner des bactéries viables !

     

    Tous ces records posent donc un problème quant à l’exploration de la planète Mars : pour beaucoup de scientifiques, le Graal serait la découverte de formes de vie martiennes. Mais avant d’identifier des traces d’activité biologique martienne, encore faut-il être sûr que Mars n’ait pas été contaminée par nos propres spores terrestres ... En effet, lors de l’envoi de sondes vers la planète rouge, malgré l’application de méthodes de décontamination, les engins spatiaux présentent encore des spores, à des taux assez faibles :


    Ainsi les normes actuellement mises en place préconisent qu’un attérisseur doit comporter moins de 300.000 spores / m2 d’engin ; et tout robot ne doit pas présenter plus de 300 spores / m2 ; descendez ce taux à 30 / m2 si ledit robot est sensé découvrir des traces de vie.


    Seulement ces normes, selon un comité d’experts présentant son rapport à l’ESA et la NASA, sont désormais dépassées au vu des données actuelles de la microbiologie et de l’exploration martienne. Ainsi, les experts soulignent que plus d’un milliard de spores auraient déjà été "débarquées" sur Mars ... Reste à savoir si ces spores sont capables de demeurer viables, voire de se développer sur la planète. Le sous-sol martien contient de l’eau liquide ; dans quelle mesure serait-il susceptible de permettre la prolifération des bactéries terrestres ?

     

    André Debus, chargé de mission à la protection planétaire au CNES, relativise ces hypothèses. En effet, une population d’un milliard de spores, par rapport à la surface globale de la planète Mars, reste négligeable. De plus, pour rester viables, ces spores doivent se retrouver à l’abri dans les sondes, voire dans le sol, et non exposées directement aux rayonnements solaires. Pour cet expert, la présence de spores ne fait aucun doûte, mais les quelques survivantes une fois débarquées sur Mars "restent à l’état de dormance et ne peuvent proliférer".


     

    Cette présence accidentelle pose tout de même des problèmes scientifiques comme éthiques :

    Scientifiques, tout d’abord, car les données sur les traces d’activité biologique devront désormais prendre en compte ces spores importées. De plus, les conditions de désinfection des sondes seront à revoir afin de limiter cette dissémination accidentelle. "On se bat pour que les agences spatiales prennent un maximum de précautions. c’est de l’écologie planétaire", souligne André Brack, exobiologiste au Centre de biophysique moléculaire du CNRS à Orléans, lors de son entretient avec l’agence Associated Press.


    Ethiques, enfin, car la dispersion de spores sur la planète Mars peut être vue comme une "pollution biologique terrestre" de la planète rouge ...


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :