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La vie sur Mars reste-t-elle possible et détectable ?
Deux papiers relancent le débat sur la présence de vie sur Mars : tout d’abord, une étude parue sur le site web d’ International Journal of Astrobiology rapporte la survie et la croissance de bactéries dans des températures semblables au sous-sol martien, tandis qu’un article publié par les PNAS remet en cause la sensibilité des instruments embarqués par les sondes Viking pour détecter la présence de matière organique.
Neil Reid du Space Telescope Science Institute (STScI) de Baltimore (USA) s’est intéressé à la croissance d’archéobactéries dans des températures basses extrêmes. Durant cette étude, il a choisi deux archéobactéries mésophiles, Methanosarcina acetivorans (méthanogène) et Halobacterium sp. souche NRC-1 (halophile), ainsi que deux archéobactéries psychrophiles collectées dans des lacs de l’Antarctique : Methanococcoides burtonii (méthanogène) et Halorubrum lacusprofundi (halophile). Cultivées à basse température, les mésophiles ne survivent pas en-dessous de 5°C, tandis que les psychrophiles peuvent se développer jusqu’à -28°C. De manière intéressante, M. burtonii et H. lacusprofundi forment des agrégats multicellulaires lorsque la température baisse, et semblent alors s’enrober dans une matrice extracellulaire. Les limites de température atteintes pour ces deux psychrophiles correspondent aux températures régnant sur Mars, et laissent sous-entendre que cette condition ne serait pas un obstacle à la croissance et au développement de telles bactéries, et plus particulièrement dans le sous-sol martien.
Parallèlement, une équipe du National Autonomous University de Mexico se proposait d’évaluer la sensibilité des instruments d’analyse chimique des sondes Viking. Lors de ces deux missions, les sondes disposaient de TV-GC-MS, instruments permettant de chauffer rapidement à 500°C le sol pour y vaporiser les molécules présentes, de les séparer par chromatographie gazeuse et de les analyser par spectrométrie de masse. Les scientifiques espéraient alors détecter des molécules organiques sur le sol martien, traces éventuelles de vie. Lors des tests réalisés sur des sols comparables à ceux de Mars (vallées asséchées d’Antarctique ou Désert d’Atacama au Chili), les instruments de mesure ne détectèrent aucun signe de vie, malgré la présence de bactéries dans ces sols, et sans que la NASA ne reconsidère l’utilisation de ces instruments. L’équipe de Rafael Navarro-González, quant à elle, suggère que les instruments des deux sondes Viking n’étaient tout simplement pas assez sensibles pour détecter des taux trop bas de matière organique. En reproduisant les analyses sur différents sols-tests terriens (Antarctique, désert d’Atacama, de Lybie et Mojave) avec des instruments plus sensibles, ils sont parvenus à détecter de faibles taux de matière organique, alors que les instruments des sondes Viking restent aveugles.
Ces deux résultats ne manquent pas d’encourager les partisans d’une vie autochtone sur la planète Mars, mais doivent cependant être soumis à caution. D’une part, si les études d’écophysiologie bactérienne réalisées par Reid et son équipe permettent d’envisager l’existence de bactéries en croissance à des températures martiennes, d’autres questions quant à la disponibilité en eau ou à leur survie face à d’autres facteurs abiotiques restent posées. Enfin, si les instruments des sondes Viking étaient limités, quelles autres méthodes d’analyse chimique doivent être employées afin de détecter d’éventuelles traces de vie sur Mars ?
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