• La première pile

    Au milieu du siècle dernier, l'idée que la pile électrochimique était l'invention du savant Volta était assez universellement admise.

    Personne ne soupçonnait alors que de tels dispositifs auraient pu exister plus tôt et auraient été utilisés par l'homme au cours de civilisations antérieures. Les grecs, les romains n'ont semble-t-il pas laissé d'information sur de tels appareils.



    En 1936, les fouilles archéologiques d'une nécropole au sud-est de Bagdad mettent au jour une curieuse poterie, parmi plusieurs centaines d'objets, verreries, figurines de terre, tablettes gravées, etc. que l'on peut dater de la période parthe entre le premier siècle avant et le premier siècle après Jésus-Christ.


    Des vases semblables seront trouvés dans la zone de Khujut Rabu, là où se trouvaient les cités anciennes de Ctesiphon et Seleucia, construites sur les 2 rives du Tigre, creuset de la civilisation Parthes, descendants des Scythes.


    De ces deux cités pillées par les arabes au 7ième siècles pour bâtir Bagdad, ne reste visible aujourd'hui que la grande arche Taq-i Kisra dans la ville irakienne actuelle de Salman Pak.


    Mais la ville de Ctesiphon, qui couvrait une surface 4 fois plus grande que Rome à l'époque de son apogée, était une ville très riche où travaillaient de nombreux bijoutiers et orfèvres.


    Deux ans plus tard, en 1938, un archéologue autrichien, le Dr Wilhelm König, redécouvre une de ces poteries qui dormait au fond d'une cave du musée de Bagdad.




    Il s'agit de petits vases en terre cuite d'une vingtaine de centimètres de hauteur sur environ 7,5 centimètres de diamètre. Une tige métallique, sans doute du fer, dépasse du haut du col de la poterie. Après avoir enlevé le bouchon enrobé de bitume (sans doute du "Bitume de Judée" que les peuples sumériens ramassaient sur les bords de la Mer Morte) qui maintenait cette tige, il découvre qu'elle descend profondément dans le vase et est entourée par un cylindre de métal recouvert d'une couche d'oxyde bleuté qui laisse supposer que le matériau contient des composés cuivreux et argentiques. Ce cylindre est isolé de la tige à sa base par un tampon en bitume.


    König estime que ces objets pourraient avoir 2 000 ans et il publie, vers 1940, un article sur le sujet dans lequel il émet l'hypothèse que ces objets pourraient être des piles électriques. Il appuie cette idée sur l'observation d'une technique rudimentaire de galvanoplastie, utilisée à son époque par les orfèvres de Bagdad (mais aussi d'autres pays) pour dorer les bijoux, et à laquelle il attribue, à tort, une origine très ancienne.


    Il faudra attende la fin des hostilités pour que les archéologues et les savants s'intéressent à nouveau à ces vases mystérieux.Willard F. M. Gray du General Electric High Voltage Laboratory de Pittsfield, dans le Massachusetts et d'autres spécialistes qui ont examiné ces objets partagent eux aussi l'idée qu'il devrait s'agir de piles électriques.


    En utilisant du vinaigre issu de jus de raisin comme électrolyte ces savants ont effectivement obtenu avec ces vases un courant électrique, de l'ordre de 0,5 et 1,5 volts, montrant ainsi que ces objets jusque là mystérieux pouvaient bel et bien être des piles électriques au sens ou nous l'entendons aujourd'hui.


    Le Dr. Arne Eggebrecht, chercheur allemand reprit l'idée que ces piles étaient utilisées par les bijoutiers de l'époque pour recouvrir d'or ou d'argent des objets en cuivre et qu'ils auraient ainsi découvert la galvanoplastie bien avant les années 1830 où cette technique va être développée dans les pays industriels.




    Reste que la dorure (ou l'argenture) demande la mise en oeuvre de sels solubles pour constituer le bain électrolytique (cyanure d'or en particulier) et qu'aucun document historique ne mentionne l'existence de ces composés chimiques dont il est quasi exclu que la découverte puisse être antérieure aux années 1830. On ne peut pas non plus imaginer qu'une utilisation assez large de cette technique n'ait pas conduit à développer des piles plus puissantes.


    Or il n'existe nul trace de tels appareils dans le monde antique. L'hypothèse de la pile n'est donc pas aujourd'hui partagée par l'ensemble de la communauté scientifique. Un certains nombre de chercheurs penseraient plutôt que ces petites jarres en terre servaient au transport de documents écrits (secrets ou religieux).

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