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La Mer Morte
C’est en 1848, que la mer Morte livra les secrets de son hydrographie. Située au nord de la mer Rouge, entre Israël et la Jordanie, la mer Morte porte bien son nom. Aucune vie marine n’a pu s’y développer.
En s’évaporant, l’eau de la mer Morte laisse derrière elle un paysage irréel parsemé de monticules de cristaux de sel.
La région de la mer Morte renferme également de nombreuses énigmes. C’est près de ses rivages salins que s’élevaient jadis les cités de Sodome et Gomorrhe.
C’est également dans cette région que l’on a retrouvé les célèbres manuscrits de la mer Morte.L’expédition de 1848 était placée sous le commandement du géologue W.F. Lynch, qui eut la prévoyance de se munir de deux barques métalliques.
Il fallut trois semaines pour franchir, au prix d'efforts indescriptibles, les hauteurs du sud de la Galilée.
Les barques furent mises à l'eau à Tibériade. Là, des mesures exécutées par Lynch sur le lac de Génésareth devaient révéler la première des surprises que ce voyage réservait au monde.
La surface du lac se trouve à 208 m au-dessous du niveau de la Méditerranée. On en vint alors à se demander quelle était l'altitude des sources du Jourdain.Quelques jours plus tard, Lynch escalada la pente de l'Hermon, jusqu'au petit village de Baniyas, où il découvrit, parmi d'autres vestiges des temps révolus, des débris de colonnes et une grotte à demi obstruée par des éboulis d'où coulait un filet d'eau claire.
Il s'agissait tout simplement de l'emplacement de l'ancien Paneion, où Hérode avait fait construire en l'honneur d'Auguste un temple consacré au culte de Pan. Des niches en forme de coquille sont taillées dans le roc de la caverne du Jourdain. On y lit encore nettement une inscription grecque signifiant « prêtre de Pan », car c'est ici qu'on vénérait le dieu des Bergers.Partant du lac de Tibériade, c'est avec ses bateaux métalliques que l'expédition américaine descendit les méandres compliqués du fleuve. La végétation s'appauvrissait au fur et à mesure qu'elle avançait, sauf le long des rives mêmes, garnies d'épais buissons.
Soudain, sur la rive droite du fleuve, apparut une oasis : Jéricho. Les hommes de l'expédition savaient alors qu'ils n'étaient plus loin du but.
Contrairement à ce qu'on aurait pu attendre d'explorateurs, la première chose qui vint à l'idée des Américains ne fut pas de se mettre au travail, mais de prendre un bain. Mais à peine eurent-ils plongé qu'ils se sentirent soulevés, enlevés hors de l'eau comme s'ils avaient mis des ceintures de sauvetage. Une chose, au moins, était sûre : nul ne saurait se noyer dans cette mer...
La mer Morte mérite son nom : elle ne contient pas le moindre crustacé, pas le moindre poisson, aucune algue, pas de coraux. Jamais aucune barque de pêcheur ne s'y est balancée.
Les rives sont désespérément désertiques. Sur les plages, d'importants dépôts de sel se sont formés. L'air est chargé d'odeurs désagréables : il sent le pétrole et le soufre. Des flaques d'asphalte souillent la surface de l'eau.
Les barques américaines croisèrent sur la mer Morte vingt-deux jours durant. Les savants firent des prélèvements d'eau, les analysèrent, effectuant sondage après sondage.
Depuis, la mer Morte a livré tous les secrets de son hydrographie.Caractéristiques de la mer Morte
La mer Morte est le « lac » le plus bas du monde, à plus de 400 m au-dessous du niveau de la mer.
Avec une salinité moyenne de près de 32%, c’est la mer intérieure la plus salée. Il faut savoir que les mers ordinaires n'en contiennent que 4 % à 6 %.
Actuellement, elle mesure à peu près 80 km de long sur 18 km de large.La mer Morte a atteint sa plus grande extension il y a 10 000 ans. Depuis, elle n’a cessé de reculer.
L’apport du Jourdain et les pluies occasionnelles ne compensent pas la très forte évaporation.Au cours du dernier quart du XXe siècle, sa superficie a diminué de 20% et le niveau baisse de près de un mètre par an.
Il y a peu de mélange vertical. L’eau la plus profonde compte plusieurs milliers d’années de plus que l’eau de surface.
Sur la côte orientale de la mer Morte, il y a une presqu'île nommée el-Lissan, mot arabe qui veut dire : « la langue ».
Un rapport romain raconte, au sujet de cette presqu'île, une histoire à laquelle personne n'a jamais voulu croire : deux déserteurs de l'armée romaine s'étaient cachés là, et les légionnaires lancés à leur poursuite eurent beau fouiller les lieux tant et plus, ils ne purent rien trouver. Soudain ils les virent, mais trop tard : les deux hommes escaladaient les rochers de la rive d'en face! Ils avaient traversé la mer à pied !
L'explication de cet étrange phénomène est bien plus simple qu'on ne l'imagine : à cet endroit précis, le fond de la mer Morte se relève en une sorte de pli qui la divise en deux. A droite de la presqu'île existent des profondeurs voisines de 400 m. A gauche, il y a des hauts-fonds. On sait, depuis de récents sondages, que les profondeurs n'excèdent pas 15 à 20 m.Quand on se dirige en barque vers la pointe méridionale de cette mer de sel, on peut, si le soleil est dans une position favorable, faire une découverte absolument ahurissante : à quelque distance de la rive, des forêts que le sel a conservées se profilent nettement sous l'eau. Cette vision quasi hallucinante, qui eût fait la joie de Jules Verne, s'offrit sans cérémonie aux yeux des géologues. Les troncs et les restes d'arbres semblaient fort anciens.
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