-
1942,Les saboteurs Nazis au Etats-Unis
Les tentatives de l'Allemagne nazie visant à déployer par sous-marin des équipes de saboteurs, durant la Seconde guerre mondiale, se sont révélées des échecs cuisants. En voici un bref récit.
Pendant les premiers mois de la guerre, la contribution majeure des Etats-Unis pour s’opposer aux Nazis concernait la production industrielle d’équipements et leurs livraison aux forces armées se défendant activement contre la machine militaire allemande. Cet effort industriel était assez fort pour générer une frustration voire même une indignation parmi le Haut Commandement nazi et l’ordre fut donné, prétendument par Hitler lui-même, de produire un sérieux effort afin de réduire la production américaine.
Les renseignements allemands établirent que le sabotage était le moyen le plus efficace pour ce genre d’opération. Le lieutenant Walter Kappe, rattaché à l’Abwehr-2 (Renseignements-2) qui avait passé quelques années aux Etats-Unis avant la guerre et qui avait été un membre actif dans l’organisation ‘German American Bund’ devint responsable du projet. Kappe était aussi un membre du ‘Ausland Institute’ qui avant-guerre, enrôlait les allemands de l’étranger dans le NSDAP (Nazionalsozialistiche Deutsche Arbeiterpartei) ou parti nazi. Durant le conflit, Kappa resta en contact avec les membres revenus de l’étranger et plus précisément ceux de retour des Etats-Unis.
Des saboteurs rapidement capturés
Début 1942, il contacta parmi d’autres ceux qui prendraient part finalement à la mission aux Etats-Unis. Tous acceptèrent la tâche, apparemment de bonne volonté, bien qu’ils n’étaient pas au courant de leur travail spécifique. La plupart des saboteurs furent sortis de la vie civile alors que deux d’entre eux servaient alors dans l’armée allemande. Les recrues, environ douze personnes au total, furent informées de leur mission spécifique uniquement lorsqu’elles entrèrent à l’école de sabotage de Berlin qui leur permit de connaître la chimie, les incendies, les explosifs et détonateurs, les codes secrets ainsi que l’usurpation d’identités et de racines américaines. L’entraînement intensif consista également à l’utilisation de ces diverses techniques en conditions réelles.Plus tard, les saboteurs visitèrent des usines d’aluminium et de magnésium, des chemins de fers, des centrales hydrauliques et d’autres installations afin de se familiariser avec les endroits vitaux ainsi que la vulnérabilité des cibles à attaquer. Des cartes furent utilisées pour situer les cibles américaines contenant les points où les voies de chemin de fer pourraient être le plus efficacement mises hors service, les usines principales d’aluminium et de magnésium ainsi que les canaux et les voies fluviales importantes. Toutes ces indications devaient être mémorisées par les saboteurs.
Le 26 mai 1942, le premier groupe de quatre saboteurs quitta le port français de Lorient par sous-marin et le 28 mai, le second groupe partit du même endroit. Ces deux vagues devaient arriver à des endroits précis de la côte atlantique américaine connus par les leaders de chaque groupe. Le 13 juin 1942 à 0010, quatre hommes menés par George Dasch débarquèrent sur une plage près de Amagansett dans le comté de New York. Le 17 juin, le deuxième groupe débarqua sur la plage de Ponte Vedra en Floride.
Les deux groupes débarquèrent vêtus complètement et partiellement d’uniformes allemands, pour être assuré d’un traitement en tant que prisonniers de guerre plutôt que d’espions, en cas de capture lors du débarquement. Après un débarquement sans encombres, les uniformes furent rapidement enterrés avec le matériel de sabotage (destiné à être récupéré plus tard) et des habits civils furent revêtus. Les saboteurs se dispersèrent rapidement.
Le groupe de Floride se rendit à Jacksonville, puis par train jusqu'à Cincinnati avec deux personnes en direction de Chicago et l’autre paire en direction de New York City. Le contenu des caisses récupéré de l’endroit où elles avaient enterrées, c’est-à-dire sur une plage au sud de Jacksonville en Floride, comprenait des capsules électriques explosives, des mécanismes de retardement en forme de stylos et de crayons, des détonateurs, des ampoules d’acide et d’autres dispositifs de retardement.
Le groupe de Long Island fut moins chanceux, à peine eurent-ils enterrés leurs équipements et uniformes, qu’un officier des gardes-côtes qui patrouillait le rivage s’approcha. Il n’était pas armé et fut très soupçonneux en les rencontrant mais encore davantage lorsqu’ils lui offrirent un pot-de-vin pour qu’il oublie la rencontre. Le garde accepta l’offre afin d’endormir la méfiance des saboteurs et reporta immédiatement le cas à son quartier général. Cependant, avant que la patrouille de recherche n’atteigne l’endroit, les nazis avaient rejoint une gare et avaient pris le train pour la ville de New York.
L’engagement de George Dasch en tant que saboteur pour la mère patrie vacilla. Il pensa peut-être que le projet tout entier était aussi grandiose que peu pratique et il voulut se protéger avant que ses compagnons ne soient atteints des mêmes doutes. Dasch expliqua à son camarade Burger, son désir de confesser leurs intentions. Le soir du 14 juin 1942, Dasch, donnant le patronyme ‘Pastorius’ contacta le bureau new-yorkais du FBI en expliquant qu’il était arrivé récemment d’Allemagne et qu’il appellerait le quartier général du FBI à Washington à son arrivée dans la ville, la semaine suivante. Le matin du vendredi 19 juin, un appel de Dasch, descendu dans un hôtel de Washington, fut reçu par le QG du FBI. Il fit allusion à son précédent appel en tant que ‘Pastorius’ (le QG avait été avisé) et il indiqua où il se trouvait. Il fut immédiatement contacté et emmené pour détention.
Pendant les jours suivants, Dasch fut minutieusement interrogé et il fournit l’identité des autres saboteurs, l’endroit probable où ils se trouvaient ainsi que des indications qui permettraient de les appréhender plus rapidement. Les trois membres restant du groupe de Long Island furent interceptés dans la ville de New York le 20 juin. La première paire du groupe Floride fut arrêtée à New York le 23 juin et les deux saboteurs restants furent appréhendés le 27 juin à Chicago. Les huit hommes furent jugés du 8 juillet au 4 août 1942, devant une Commission militaire composée de sept officiers de l’armée américaine désignés par le président Roosevelt. Le procès fut tenu dans un bâtiment du Département de la Justice à Washington. Les huit saboteurs furent reconnus coupables et condamnés à la peine capitale. Le procureur général et le directeur du FBI firent appel auprès du président Roosevelt afin de modifier la sentence de Dasch et de Burger.
Dasch fut finalement condamné à 30 ans d’emprisonnement et son compagnon Burger reçut une peine de prison à perpétuité dans un pénitencier fédéral. Les six autres saboteurs furent exécutés dans la prison du District de Columbia le 8 août 1942. Les huit hommes étaient tous nés en Allemagne mais ils avaient aussi, pendant une période substantielle, vécu aux Etats-Unis. Burger avait été naturalisé en 1933. Haupt était arrivé comme enfant et avait gagné sa citoyenneté américaine lorsque son père fut naturalisé en 1930. Dasch rejoignit l’armée à l’âge de 14 ans et servit pendant 11 mois comme employé de bureau à la fin de la 1ère guerre. Il fut enrôlé par l’armée américaine en 1927 et renvoyé honorablement après un peu plus d’une année de service. Quirin and Heinck était retourné en Allemagne avant l’éclatement de la deuxième guerre mondiale en Europe. Les six autres agents rentrèrent en Allemagne entre le 11 septembre 1939 et le 7 décembre 1941, apparemment avec le sentiment de loyauté auprès de leur terre de naissance.
Les interrogatoires d’après-guerre du personnel allemand et l’examen des rapports confirmèrent qu’aucunes nouvelles tentatives de débarquer des saboteurs par sous-marin n’avaient été organisées ; bien qu’en 1944, deux personnes, William Curtis Colepaugh and Eric Gimpel, furent débarquées sur la côte du Maine d’un sous-marin allemand avec pour but une tentative plutôt désespérée d’espionner et de collecter des informations. Eux aussi furent appréhendés rapidement par le bureau fédéral (FBI) avant d’avoir accompli leurs missions. En avril 1948, le Président Truman accorda la clémence à Dasch et Burger à condition qu’ils soient déportés dans leur pays. Ils furent emmenés dans la zone américaine en Allemagne où leurs peines furent suspendues sous certaines conditions. Plus tard, Dasch et Burger furent libérés.
-
Commentaires