• Il y a environ 5500 ans naissaient, quelque part entre le Tigre et l'Euphrate, les germes de ce qui allait devenir la première forme d'écriture de l'humanité. Devenus agriculteurs, les Sumériens durent concevoir un système de comptabilité durable afin de gérer les surplus de nourriture. Ils se servirent donc de l'argile, matériau abondant dans ce territoire fluvial, pour garder des traces de leurs récoltes et troupeaux. Les comptables sumériens utilisaient des boulettes d'argile, appelées "calculi" pour enregistrer les livraisons et les échanges.

     

    Les documents écrits les plus anciens (-3000) ont été retrouvés dans les ruines d’Uruk lors de fouilles en 1929-1931. Le cunéiforme est une forme d'écriture inventée dans l'ancien Sumer aux environs de la moitié du IVe millénaire avant notre ère. Le système était à l'origine pictographique, mais en s'adaptant aux autres langues de la région (akkadien, perse, etc.) il devint plus phonétique.


    L’utilisation de l’écriture débouche sur une organisation complexe de la société. Elle est administrée, de façon méticuleuse et tâtillonne, par un État monarchique et sacerdotal. Les méthodes d'agriculture, exigeant l'irrigation des terres afin de les fertiliser par le limon, demandaient une organisation sociale complexe, donc une structure hiérarchique qui allait devenir de plus en plus importante avec le temps. La population croissant, les surplus de nourriture devant être gérés, l'écriture est vite devenue un besoin pour la civilisation naissante.

     

    La découverte en 1961 à Tartaria (Roumanie) de tablettes d'argile avec des signes pictographiques, datées par C-14 à peu près 1000 ans avant Sumer, ont conduit certains scientifiques russes, britanniques et américains a suggérer que les sumériens ont leur origine dans l'espace carpato-danubien.
     

    Les sumériens se servirent donc des techniques qu'ils connaissaient pour expliciter d'avantage leurs notations comptables, sous forme de pictogrammes tout d'abord. Ces pictogrammes se multiplièrent par la suite, se stylisèrent, ce qui donna une écriture complexe, la première connue. Le cadre d'utilisation dépassa la comptabilité des récoltes et des troupeaux, pour témoigner de la richesse de la culture sumérienne à travers des témoignages et même du premier texte littéraire connu, "l'Épopée de Gilmalesh".


    Le terme "cunéiforme" qui désigne cette écriture particulière signifie "en forme de coin" (de cuneus qui signifie "clou" ou "coin"). Cette appellation dépend du dessin caractéristique de cette écriture formée de petits traits triangulaires. Le cunéiforme était principalement écrit avec un calame en roseau sur des tablettes d'argile.

    Les premières notations numériques étaient très simples. Les premiers agriculteurs s'étaient en effet contenté de plonger une tige dans une motte d'argile, laissant un point en creux. La motte d'argile, cuite, pouvait alors durer très longtemps, et même se rendre jusqu'à nous pour nous porter son message. L'écriture cunéiforme est dérivée de ce système simple: le scribe tenait son instrument, le calame, de plein poing, et le plongeait dans l'argile afin de laisser une simple trace. Ce type de marque avait de plus l'avantage d'être très rapide, ce qui est important puisque l'argile sèche rapidement. Cette particularité de l'argile va aussi amener une simplification progressive des signes à travers les âges.

    Le calame, lui-même, était une tige de roseau taillée en biseau à une extrémité et en pointe de l'autre. Calame vient d'ailleurs du latin calamus, qui signifie «roseau».
    Les témoignages extrêmement riches laissés par l'écriture cunéiforme ne vont pas l'empêcher de disparaître, lorsque le papyrus remplacera l'argile. 


    La plupart des peuples de l'Asie occidentale adoptent le cunéiforme qu'ils transcrivent dans leurs langues respectives. Ils l'utilisent jusqu'au premier siècle av. J.-C. .Ce sont d'abord les Akkadiens (peuple sémitique, ancêtre des Hébreux et des Arabes), puis les Babyloniens et les Assyriens, puis les Hittites, les Perses... Pendant ces 4000 ans, des milliers de documents administratifs et économiques ainsi que la plupart des connaissances scientifiques et des oeuvres littéraires sont écrites en cunéiforme, dans différentes langues, par toutes ces civilisations. Le courrier et les livres de comptes sont inventés, on écrit les hymnes sacrés et les prières.

    Dans "l'Épopée de Gilgamesh", oeuvre sumérienne écrite à cette époque, on devine une source de la mythologie grecque (les exploits d'Héraclès), et de la Bible (le Déluge y est conté).

    Vers 2300 av JC, le sumérien cesse d'être la langue prépondérante en Mésopotamie. L'akkadien avait pris la relève. Dès la fin de l'époque dite "proto-littéraire", les Akkadiens avaient emprunté l'écriture sumérienne et l'avait adaptée aux besoins de leur langue sémitique bien différente du sumérien.

    En 2000 av JC, le sumérien n'était plus parlé. L'akkadien, puis l'assyro-babylonien, l'avait définitivement remplacé. Le sumérien devait cependant rester la langue de la religion, de la science, des affaires et du droit pendant encore bien des siècles. Abraham, en 1900av JC, a donc vraisemblablement été en contact d'une manière ou d'une autre avec le sumérien.

    On pense que le sumérien, comme langue littéraire, fut en usage jusqu'à la disparition définitive de l'écriture cunéiforme.


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