• Jeanne d'Arc


    Au début du 20e siècle, cette héroïne est devenue un symbole catholique et patriotique. Sa canonisation a d’ailleurs provoqué à l’époque une vive polémique.
     
     
     Qui était elle

    Née sans doute le 6 janvier 1412, Jeanne n’est pas une petite bergère, mais la fille de Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée, laboureurs aisés de Domrémy, village du Barrois  aux limites de la Champagne et de la Lorraine.
    Elle a trois frères aînés et une sœur cadette.
     

    En 1412, nous sommes en pleine guerre de 100 ans. Il s’agit d’un interminable conflit qui oppose la France des Valois à l’Angleterre des Plantagenêts.

    Jeanne ne se distingue pas des jeunes paysannes illettrées de son entourage. Selon les récits de l’époque, elle a 13 ans quand elle entend pour la première fois  les voix de saint Michel, de sainte Catherine  et de sainte Marguerite.
    Les voix lui donnent l’ordre de se rendre en France pour en chasser les Anglais et faire sacrer le dauphin à Reims.



    Mais, elle résiste à cet appel car elle pense que son âge et son sexe sont incompatibles avec une telle mission.
    Ces appels « divins » vont se renouveler plusieurs fois et se font pressants quand débute le siège d’Orléans, le 12 octobre 1428.


     Entre mysticisme et raison d’Etat

    En mai 1428, la jeune Jeanne avait été éconduite par le capitaine de Vaucouleurs, Robert de Baudricourt.
    Mais, en février 1429, de retour à Vaucouleurs, Jeanne arrache à Robert de Baudricourt, qui l’a fait préalablement exorciser, l’octroi d’une épée et d’une escorte pour se rendre à Chinon où réside Charles VII.
    Elle y arrive le 23 février, accompagnée de deux écuyers et d’un messager du roi.
    En 1428, les Anglais ont pris un avantage décisif et progressent vers Orléans. Charles VII  n’a que 25 ans et doute beaucoup de sa légitimité.
    En face de lui, se tient une jeune fille décidée qui n’a que 16 ans. Elle a revêtu une tenue de soldat.
     

    Pourquoi le Dauphin a-t-il répondu favorablement à la requête d’une petite paysanne illettrée ?
    Plusieurs ouvrages qui ne sont d'ailleurs pas, dans la plupart des cas, écrits par des historiens relancent une vieille controverse.



    Jeanne des Armoises serait Jeanne d'Arc c'est-à-dire la demi-soeur de Charles VII. Ce lien de parenté expliquerait pourquoi le Dauphin a été aussi complaisant avec la jeune fille. Je n'adhère absolument pas à cette théorie qui n'est étayée par aucune preuve. cependant, vous pouvez lire un ouvrage récent, L'Affaire Jeanne d'Arc de Roger Senzig et Marcel Gay. 2009, qui reprend tout ce qui a déjà été dit sur la soi-disant énigme entourant la vraie identité de Jeanne.
    Pour ma part, je pense que le mysticisme, très répandu à l’époque, n'est pas étranger à cette bizarrerie. En effet, le Dauphin croit dur comme fer à une prophétie  selon laquelle la France, perdue par une femme (Isabeau de Bavière), serait sauvée par une vierge.
    Et puis, le jeune roi est aux abois.
     

    Il semble également que Jeanne d’Arc a su trouver les mots justes pour redonner confiance à son souverain.
    Dès son arrivée, elle lui annonce qu’elle vient, au nom de Dieu, pour le faire sacrer à Reims légitime roi de France.
     

    Jeanne est soumise par ordre du Conseil royal à l’examen d’une commission de théologiens et de canonistes réunie à Poitiers pendant trois semaines ; cet examen conclut à l’authenticité de sa foi, tandis que des matrones confirment sa virginité, preuve qu’elle n’entretient aucun commerce avec le diable.
    Elle est autorisée à se rendre à Tours. Elle y reçoit une épée qui, sur ses indications, est découverte dans le sol de la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois.



     La bataille d’Orléans

    Jeanne rallie à Blois la dernière armée de Charles VII, qui doit faire entrer un convoi de vivres dans Orléans, où elle pénètre avec une avant-garde le 29 avril au soir en compagnie de Dunois, le Bâtard d’Orléans.
    Accueillie avec enthousiasme par les Orléanais, rejointe le 4 mai par le gros de l’armée de secours, elle joue un rôle décisif dans la délivrance de la ville, le 8 mai 1429.


     

    Malgré son inexpérience, elle a réussit à galvaniser les hommes sous son commandement.
    Deux jours plus tard, elle s’attaque aux défenses anglaises qui entourent encore la ville. Blessée, elle continue à se battre jusqu’à la victoire finale.

    À la tête de l’armée, elle s’empare de Jargeau, emporte le pont de Meung le 15 juin, occupe Beaugency le 17, écrase enfin le 18 l’armée anglaise de John Fastolf à Patay, où John Talbot est fait prisonnier.
    Les partisans du Dauphin voient en elle un ange et ses victoires sont considérées comme miraculeuses. Ses ennemis voient plutôt en elle une sorcière.
     

    Son courage et sa volonté de vaincre sont en tout cas indéniables.
    Au terme d’une chevauchée triomphale, Jeanne conduit Charles VII a Reims où il est sacré roi.
    La légitimité du roi est devenue incontestable par les Anglais.


     Le premier faux pas

    En septembre 1429, Jeanne d’Arc entreprend de sauver Paris. En effet, aux termes de la trêve conclue à Compiègne le 28 août Philippe le Bon a promis de livrer Paris aux Français !
    Jeanne d’Arc échoue une première fois en tentant de pénétrer dans la capitale. Elle est d’ailleurs blessée à la cuisse d’une flèche devant la porte Saint-honoré.Charles VII lui refuse une seconde tentative.
     


    Jeanne doit suivre dans sa retraite l’armée royale, qui est dissoute à Gien les 21 et 22 septembre 1429.
    Mais Jeanne d’Arc n’est pas prête à abandonner et s’obstine à vouloir exécuter sa mission divine jusqu’au bout.
    Elle remporte une nouvelle victoire par la prise de Saint-Pierre-le-Moûtier en novembre 1429 mais échoue devant La Charité-sur-Loire.

    Cet échec est le bon prétexte pour la remercier. Le roi lui octroie le 24 décembre 1429 des lettres d’anoblissement.
    Elle est autorisée à participer à quelques coups de main mais qui sont secondaires.
     Le siège de Compiègne
     
    Pleine d’ardeur, Jeanne essaie de sauver Compiègne, que son capitaine, Guillaume de Flavy, refuse de remettre au duc de Bourgogne, malgré la trêve du 28 août 1429, et se jette dans la ville le 23 mai 1430 avec environ 400 hommes.
    À leur tête, elle tente le soir même une sortie qui bouscule les Bourguignons, mais, victime de la panique que sème l’arrivée de renforts anglais, Jeanne est faite prisonnière.
     
     
    Elle est aussitôt livrée à Jean de Luxembourg. Le sacrifice de Jeanne sauve la ville, dont Philippe le Bon doit lever le siège le 25 octobre suivant.
     
     
     
     Le procès
     
    Jeanne est emprisonnée au château de Beaulieu-en-Vermandois, puis dans celui de Beaurevoir, près de Cambrai.
    L’université de Paris,  qui prétend la faire juger comme sorcière à l’instigation sans doute du gouvernement anglais,  la réclame dès le 26 mai 1430.
     
    Bedford verse 10 000 écus à Jean de Luxembourg afin que Jeanne lui soit remise pour être livrée à un tribunal d’Inquisition.Elle est enfermée en décembre 1430 dans la grande tour du château de Rouen.
     
     
     
    Pour présider ce tribunal, Bedford choisit Pierre Cauchon, un partisan des Bourguignons  qui soutient les Anglais. Evêque du diocèse de Beauvais, c’est un membre de l’université de Paris.
    Jeanne est privée d’avocat pendant toute la durée de l’instruction, qui se déroule à huis clos.
    Elle confirme la réalité de ses voix, refusant de révéler la nature du signe donné par elle à Charles VII.
    Elle rappelle que pour faire la guerre, les habits d’homme constituent  une protection.
    Jeanne affirme  son appartenance à l’Église militante. À la question : « Êtes-vous en état de grâce ? », elle répond par cette repartie célèbre: « Si je nay suis, Dieu may mette, et si jay suis, Dieu may garde. »


     
     
    Présentée au tribunal le 28 mars 1431, Jeanne est accusée de sorcellerie, de dévergondage, d’outrecuidance et d’orgueil.
     
    Cauchon voudrait obtenir de Jeanne qu’elle reconnaisse le caractère diabolique de sa mission. Après une épuisante exposition publique sur un échafaud, il arrive à lui faire renoncer à ses habits d’homme et lui fait signer d’une croix une formule d’abjuration.
    Elle est aussitôt condamnée à la prison à perpétuité. Mais, elle se ressaisit bientôt et revient sur son abjuration. Elle remet également ses habits d’homme.
    Elle est alors considérée comme relapse c’est-à-dire retombée dans l’hérésie. Elle ne peut donc plus échapper à la condamnation à mort.
     
     
    Jeanne a peur de la mort mais abjurer serait une trahison envers Dieu  et envers son pays. Nul ne saura jamais quel a été le vrai motif de son revirement.Elle est « remise au bras séculier » et livrée aux Anglais.
    Agée de 19 ans, elle est conduite au bûcher sur la place du Vieux-Marché, à Rouen, le 30 mai 1431.
    Selon les témoins, elle meurt en prononçant le nom de Jésus.
     
     
    La mort de Jeanne n’apportera pas la victoire aux Anglais qui finiront par évacuer Rouen en novembre 1449.
    Peut-être mû par les remords de n’avoir rien tenté pour la sauver, Charles VII obtiendra de l’Eglise la révision du procès. Jeanne sera réhabilitée en 1456.



     Les mystères qui entourent le mythe de Jeanne d’Arc

    Jusqu’à ce jour, aucun historien n’a réussi à expliquer, preuves à l’appui, comment Jeanne avait pu convaincre Charles VII de participer à la guerre contre les Anglais.
     
     
     
    Elle est souvent intervenue au cours des batailles, par surprise, et sans en avoir reçu l’ordre. Il est indéniable que son courage et ses actions ont, à plusieurs reprises, galvanisé les soldats français.
    Cette petite paysanne illettrée s’est montrée un stratège habile en sachant utiliser à bon escient l’artillerie.
    Est-ce sa foi inébranlable en Dieu qui a donné à Jeanne sa force d’âme exceptionnelle ? Etait-elle simplement une fervente patriote qui s’est laissée guider par son instinct ?
    Une chose est certaine, cette jeune fille a favorisé la naissance du sentiment national en France.
     
     
    Aujourd’hui, Jeanne d’Arc est honorée le 8 mai, date anniversaire de la délivrance d’Orléans.
    Bien que sa vie soit connue avec exactitude, Jeanne d’Arc reste un mystère.
    Ou peut-être ne doit-on pas chercher de raisons rationnelles à ses exploits ? Ne dit-on pas que la foi fait des miracles ?

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